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Adèle Haenel et son #MeToo : Un témoignage important qui soulève un double tabou
Crédit: Mihai Surdu/ Unsplash

Connaissez-vous Adèle Haenel? C’est une brillante actrice française de 30 ans qui a déjà tourné dans 23 films et qui a reçu deux prix César. Si vous avez déjà vu un film dans lequel elle a joué, vous n’avez probablement pas été insensible face à sa présence à l’écran.

Au début du mois de novembre, Adèle Haenel a ajouté sa pierre à l’édifice du mouvement #MeToo commencé en 2017. Je dirais plutôt un énorme rocher. Le 3 novembre dernier, l’actrice a ainsi témoigné au journal Mediapart des attouchements et du harcèlement sexuel que le réalisateur Christophe Ruggia lui a fait subir entre ses 12 et 15 ans alors qu’il était pour sa part âgé de 36 à 39 ans. Les abus allégués auraient commencé en 2002 après le tournage du film Les diables.

Une enquête a été effectuée, pendant 7 mois, par le journal Médiapart qui a ainsi recueilli les témoignages de 23 femmes victimes d’agressions sexuelles, dont l’actrice Adèle Haenel.

Son témoignage vidéo d’une heure sur la chaîne de Médiapart est glaçant et bouleversant. Comme de nombreux auditeurs, je suis touchée, entre autres, par sa volonté de faire de son histoire un témoignage pour toutes les victimes et, comme elle le dit elle-même, une « démarche politique ».

De plus, de nombreux médias insistent sur le fait que son témoignage est doublement important… puisqu’il soulève un double tabou; celui des agressions sexuelles dans le milieu du cinéma, mais aussi celui de la pédophilie puisqu’elle était mineure au moment des faits allégués.

 

 

Début novembre, le réalisateur Christophe Ruggia a été exclu de la Société des réalisateurs de films. Il nie toute agression infligée à Adèle Haenel.

Puis, le 26 novembre, Adèle Haenel a décidé de porter plainte contre son agresseur. Elle affirmait précédemment ne pas vouloir recourir à la justice qu’elle jugeait impuissante et inefficace face aux nombreuses plaintes pour viol. En effet, en France, il est estimé que seulement 1% des violeurs se retrouvent en prison. De plus, elle dit elle-même qu’elle n’a pas songé à porter plainte, découragée par « une violence systémique faite aux femmes dans le système judiciaire ». Elle appelle la justice à « se remettre en question pour être représentative de la société ».

Au Québec, 5% des crimes sexuels sont rapportés à la police et 3 plaintes pour agressions sexuelles sur 1000 se soldent par une condamnation, selon les statistiques du Regroupement Québécois des Centre d’Aide et de Lutte contre les Aggressions à Caractère Sexuel (RQCALACS).

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