Parfois, ce n’est pas le syndrome de la page blanche. C’est plutôt l’inverse. On veut traiter d’un sujet qui nous touche tellement qu’on ne sait pas par où commencer. On veut tellement trouver les mots justes, mais assez puissants pour partager aux autres, pour leur faire comprendre… comprendre l’art, la beauté, l’invisible qui émane d’une œuvre et son indescriptible puissance bouleversante.
Il y a quelques séries télé qui me font cet effet. Oui, okay, peut-être un peu intense la fille. Mais devant ce que je considère être des chefs-d’œuvre cinématographiques, oui, je le suis, et je l’assume.
Bref, en l’honneur de l’automne, du froid, des feuilles qui périssent lentement, du lugubre et des journées plates de novembre à occuper, je vous vanterai aujourd’hui la série Hannibal.
Malheureusement cancellée en 2015, la série Hannibal se déroule actuellement sur trois saisons (oui, car il y a des rumeurs de suite). Mais n’ayez crainte, ça ne finit pas en queue de poisson. Ils se sont quand même assurés que ça se « termine », tout en laissant une porte ouverte, au cas où quelqu’un rachète la série, un jour… *dreaming*.
Vous avez peut-être deviné, cette série reprend l’histoire d’Hannibal Lecter, ce psychiatre raffiné/tueur en série/cannibale issu d’une série de romans de Thomas Harris, popularisé au cinéma par l’inimitable Anthony Hopkins. La série se démarque des films dans le fait que l’action se déroule avant que la nature cachée de Lecter soit découverte par le FBI.
De plus, le protagoniste principal est Will Graham, ce super-détective possédant une empathie tellement importante qu’elle lui confère une habileté inégalée à se mettre dans la peau des criminels afin de résoudre leurs crimes. Le hic, c’est que se mettre *presque littéralement* dans la peau de tueurs sanguinaires et sadiques, c’est pas excellent pour la santé mentale, en général. Mais le bon Will est le meilleur (l’unique) dans ce qu’il fait, donc il se fait attitrer un psychiatre par son boss, Lawrence Fishburne (Euh, Morpheus. Euh, Jack Crawford, je veux dire…) pour l’aider à affronter les difficultés psychologiques liées à son boulot.
MAIS, QUI EST CE PSY, PENSEZ-VOUS? Oui, oui, le bon Lecter, bien sûr, qui de plus, deviendra peu à peu un consultant externe pour le FBI, s’arrogeant le pouvoir de jouer avec les ficelles de tout un chacun au gré de son amusement personnel. Mais, à travers la bromance qui se développera entre Will et Lecter, qui sous-estimera qui? Qui sera la proie de qui…? C’est risqué, s’t’histoire…
3 raisons pour lesquelles je CA-PO-TE sur la série
Alors voilà comment je résumerais initialement la prémisse de la série. Toutefois, les raisons qui me font capoter ma vie et mon âme vont au-delà de la prémisse. Je présenterai trois d’entre elles, vu que sinon, j’en parlerais à l’infini.
1. Les act-eurs-ices : Le talent qu’on retrouve dans cette série est à couper le souffle. Personnellement, mes jambes shakent un peu chaque fois que je vois Mads Mikkelsen, mais au-delà de son physique divin, il s’approprie l’élégance, l’intelligence et la froideur de Lecter en faisant une interprétation du personnage qui n’a rien à envier à celle d’Hopkins. Je suis bouleversée à l’idée d’entendre la voix de velours de Gillian Anderson. Des personnages secondaires aux principaux, ils sont leur personnage. Ils sont réalistes, justes, terre-à-terre, professionnels, et un méga high five à l’équipe des décors et costumes qui donnent à cette série une signature esthétique illustre.
2. L’art cinématographique : Parlant de signature esthétique, c’est le genre de détails auxquels je suis sensible et qui peuvent changer du tout au tout mon avis sur une série. L’attention aux détails, c’est souvent ce qui distingue un chef-d’œuvre d’un produit en conserve qui sera oublié dans 12 semaines. C’est un reproche que j’ai à faire à tellement de séries produites trop rapidement où l’image n’est pas soignée, et où il n’y a aucune pensée globale au niveau de l’esthétique. Même Brooklyn 99 a une signature esthétique réussie, alors ce n’est pas qu’une histoire de série dramatique. Enfin. Chaque épisode d’Hannibal est un bonbon artistique. Il y a tant à s’émerveiller, car tout a été pensé, du vase sur la table aux boutons de chemise, à l’angle de caméra particulier, jusqu’à l’éclairage. Pour ma part, j’ai été conquise dans les 30 premières secondes du premier épisode, juste pour ça. Outre l’image sensationnelle et le soin apporté aux plans de caméras, on ne peut passer à côté de l’incroyable trame sonore, signée Brian Reitzell, qui permet au spectateur de vivre l’expérience de suspense suprême.
3. D’ailleurs, c’est bel et bien une série à suspense. À travers un mélange de genre policier/enquête, d’horreur, de suspense et de drame psychologique, Hannibal se démarque aussi par la qualité des dialogues. Je bois leurs échanges comme le meilleur vin italien centenaire fraîchement sorti d’une cave du Vatican. Les questions de santé mentale, de violence, de pouvoir, de morale sont toutes traitées avec tellement de finesse et d’intelligence! On se fait éblouir par l’esprit et la ruse d’Hannibal (entre autres) alors qu’il entourloupe ses proies à l’aide seulement de ses mots, plus puissants que n’importe quelle arme blanche, mais on voit aussi la perspicacité et l’empathie de Will évoluer pour lui frayer doucement un chemin vers la dangereuse vérité qui les guette tous…
Enfin. Il ne faut pas avoir le cœur trop sensible ni avoir de graves faiblesses à la vue du sang. Il y en a de l’hémoglobine dans ces épisodes. Mais je suis très loin d’être une admiratrice de violence ou de gore. De l’avis de quelqu’un qui n’a pas été capable d’écouter plus de trois épisodes de Game of Thrones à cause de la violence (surtout sexuelle), Hannibal ne donne pas dans la provocation sensationnaliste, mais se pose simplement comme un ultime chef-d’œuvre d’horreur, horreur au sens le plus littéral.
En cette saison de visionnements en rafale et cocooning, quelles sont vos séries cultes à réécouter?