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10 témoignages qui révèlent la violence du système de santé face aux personnes trans
Crédit: Pixabay

NDLR: L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la violence comme « L’usage délibéré ou la menace d’usage délibérée de la force physique ou de la puissance contre soi-même, contre une autre personne ou contre un groupe ou une communauté qui entraîne ou risque fort d’entraîner un traumatisme, un décès, un dommage moral, un mal-développement ou une carence. »

 

J’ai eu la chance d’être bien traitée par le système de santé. Ma psychologue, Françoise Susset, est probablement l’une des meilleures alliées de la communauté trans du Québec. Je suis également suivie par l’endocrinologue Sylvie Demers qui possède une très grande expertise sur les hormones féminines. 

Cependant, ce ne sont pas toutes les personnes trans qui ont eu la même chance que moi. Plusieurs personnes trans se sont soit vu refuser un service de santé, ont reçu des soins inadéquats ou ne se sont tout simplement pas fait prendre au sérieux. Ce problème est d’ailleurs documenté avec statistiques à l’appui dans un article de Florence Ashley que vous invite à lire.  J’ai donc ouvert une mini-enquête en allant recueillir des témoignages de personnes trans sur la façon dont elles avaient été traitées par le système de santé.  

 

« C’est la faute aux hormones »   

Beaucoup de personnes trans se sont fait dire que c’était la faute aux hormones, peu importe le problème qu’elles avaient. 

« Je suis aussi allé chez l’opticien pour des problèmes de vision et on m’a dit que c’était à cause des hormones. Ils ne se cassent pas la tête. Ils se contentent simplement de dire que c’est parce que tu es trans et que tu prends des hormones. »    

« Quand mon médecin ne sait pas ce que j’ai, alors c’est automatiquement la faute de mes hormones et de ma transition. C’est rendu presque une blague… » 

Cela fait en sorte que certaines personnes refusent de parler à leur médecin de certains de leurs problèmes de peur que cela soit attribué aux hormones.  

« Jusqu’à maintenant, j’ai évité de parler à mon médecin de famille de certains problèmes de santé qui pourraient être interprétés comme étant liés aux hormones ou aux bloqueurs parce que j’ai peur qu’il me demande d’arrêter. Je sais que ce n’est pas lié parce que c’était déjà présent avant, mais j’ai peur quand même. »  

 

Traitées en sous-humains   

Certaines personnes trans se sont fait traiter comme si elles n’étaient pas des êtres humains, mais plutôt des « choses ».  

« Je suis allé à la clinique pour une consultation psychologique. On m’as demandé si j’étais un gars ou une fille. Je leur ai dit que j’étais ni un ni l’autre et qu’ils pouvait me référer au pronom qu’ils voulaient. On m’a dit qu’on ne traitait pas ce « genre de personnes » ici. Le médecin a ensuite appelé au centre de psychologie en référant à moi comme étant une « chose ». Elle leur a dit qu’elle voulait vérifier si on ne traitait que des « personnes normales » ici. On m’a finalement refusé le service. »  

 

Des tests de dépistage non nécessaires  

Certaines personnes trans se font prescrire des tests de dépistage sans que cela ne soit nécessaire. 

« Ils m’ont prescrit des tests de dépistage contre les maladies transmissibles sexuellement même si je n’ai pas de nouveaux partenaires, car apparemment, les femmes trans sont toutes à risque… »    

 

Invalidation du genre  

Plusieurs personnes trans se sont fait invalider leur genre lorsqu’elles demandaient les services d’un professionnel de la santé. 

« On m’a dit que je ne pouvais pas être trans parce que je ne vivais clairement pas comme un homme. » 

« J’ai fait lire à la secrétaire la directive de mon médecin de famille comme quoi j’étais une femme trans et qu’il fallait utiliser les bons pronoms avec moi. Un mois plus tard, elle s’obstine à m’appeler Monsieur plutôt que Madame. »  

 

Refus d’accès aux hormones  

Certains professionnels de la santé sont résistants ou refusent de donner accès aux hormones sans raison valable ou ne prennent tout simplement pas au sérieux leurs patients trans.  

« On a essayé de me convaincre de ne pas prendre des hormones en me demandant si j’étais certain de vouloir « devenir un homme ». On m’a aussi refusé l’hormonothérapie sous prétexte que j’étais à la fin de l’adolescence et que mes caractéristiques sexuelles étaient déjà bien développées. »    

« Mon ancienne médecin de famille m’a dit que je ne pouvais pas prendre de la testostérone parce que ça allait me donner des ovaires polykystiques et me rendre agressif et irritable. J’ai vérifié avec deux endocrinologues et un autre médecin qui a l’habitude de traiter les personnes trans. Ils m’ont dit que c’était totalement faux

« J’essaye d’avoir accès aux hormones, mais on ne me prend pas au sérieux parce que je suis situé sur le spectre de l’autisme. » 

 

Cette résistance, ce refus ou, tout simplement, cette incompréhension font en sorte que certaines personnes trans se procurent des hormones par leurs propres moyens, ce qui peut s’avérer dangereux pour leur santé. 

« J’ai toujours eu de bonnes relations avec le système de santé, mais j’ai commencé ma transition médicale “maison” en me procurant des hormones via d’autres personnes trans pour éviter, justement, les problèmes liés au personnel médical non formé ou invalidant. »      

 

Une formation obligatoire est nécessaire  

Une formation doit être donnée aux professionnels de la santé pour que les personnes trans puissent recevoir de bons services adéquats et respectueux de leur identité et surtout pour qu’elles ne refusent pas des soins qui pourraient être nécessaires à leur santé.

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