T’sais, la vie va vite. On l’dit souvent pis des fois c’est cliché en maudit, mais c’est vrai. On a déjà tellement à faire pour soi-même, pourquoi on se préoccuperait autant des autres? J’ai souvent eu cette réflexion… est-ce que je suis la seule?
Mais dernièrement, je réfléchis beaucoup à mes actions et mes réactions. J’essaie d’être plus consciente de ce qui m’entoure, que ce soit les personnes qui me sont chères ou des inconnus, et de garder en tête que les gens peuvent vivre des choses vraiment difficiles sans que ce soit nécessairement visible.
À un moment donné, je me suis tannée de cet espèce de sentiment d’être blasée et de penser que anywé, j’ai pas d’impact. Je me suis dit : et si j’étais plus gentille.
Plus gentille avec moi, oui, mais aussi plus gentille avec les autres. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas une personne horrible (en tout cas, je ne pense pas!), je crois être de manière générale, une personne qui care beaucoup pour les autres… mais j’ai réalisé que je pouvais prendre le temps d’être plus sensible aux réalités qui m’entourent.
Tenir la porte à la personne derrière moi, répondre aux questions d’un touriste perdu dans la ville, prendre le temps de discuter avec une personne en situation d’itinérance, moins juger les actions ou les paroles des personnes sans connaître le contexte en entier… Ça prend littéralement quelques secondes être gentil.le et je me suis rendue compte que trop souvent, je ne prenais pas le temps de le faire.
Ce qui a déclenché cette prise de conscience en moi, c’est un événement qui m’a beaucoup bouleversé. J’avais pour habitude d’ignorer les personnes en situation d’itinérance, elles me rendaient mal à l’aise et c’est difficile pour moi de l’avouer… Mais il y a quelques mois, pressée par le temps et courant vers un rendez-vous, je me suis fait abordée par un homme. Sa voix brisée et ses grands yeux tristes m’ont pris le cœur en étau. Je ne pouvais pas l’ignorer. Je n’avais pas de monnaie, ce que je lui ai dit et il m’a répondu « est-ce que vous pouvez juste m’acheter une paire de bas, s’il-vous-plaît? Je ne veux pas de monnaie… j’ai tellement froid aux pieds et mes bas sont troués. »
Je n’avais pas le temps, c’est ce que je me disais. J’étais en retard… Je lui ai dit qu’en sortant de mon rendez-vous, s’il était encore dans les parages, j’irai lui acheter une paire de bas. Une heure plus tard, il n’était plus là et la honte, la culpabilité m’ont tellement envahies.
Qu’est-ce que cinq minutes dans ma vie à moi? Alors que ça aurait pu en changer beaucoup pour cet homme.
À partir de ce moment-là, je me suis promis de prendre le temps d’être plus gentille avec les inconnus, parce qu’on ne sait jamais l’impact que peuvent avoir nos simples actions dans la vie d’une autre personne…