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Le deuil d’un mariage à deux
Crédit: Nathan Dumlao/ Unsplash

Dans la vingtaine, j’ai traversé quelques deuils. Pas la mort littérale de gens; la mort figurée de rêves, d’espoirs et d’idées préconçues. Ça m’a permis de me rencontrer intimement et d’apprendre à (mieux) vivre avec moi-même.

Bon. La trentaine entamée, je me pensais prête à tout, mais un (premier!) deuil insoupçonné m’attendait dans le détour. Espérons que ce texte puisse être somehow thérapeutique.

Je suis enceinte, hourra. Heureuse en couple, hourra.

Mais je suis toujours « célibataire », aux yeux de la Loi. Ou plutôt, seulement « conjointe de fait ».

Moi, pour qui le mariage est un passage obligé et précieux de la vie de couple, je porte un enfant désiré, mais hors mariage.

Nous avons parlé mariage dès nos premiers instants officiels. J’ai toujours clairement exprimé qu’à mes yeux, il est vital d’être mariée et que la demande lui appartient: aucune chance que ça vienne de moi. Pas de grosse cérémonie, pas de grosses dépenses, même pas de fla-fla, juste un mariage pour nous deux, au pire. Le deuil d’un « vrai gros » mariage est (presque) déjà fait, c’est le compromis auquel nous étions arrivés, le projet dans lequel il embarquait avec confiance.

 

Source: Giphy

Je croyais avoir été tellement claire que tout dépendait de lui pour LE grand moment que je n’ai pas insisté davantage. Et le temps a passé. Pas si loin de deux ans se sont écoulés après cette discussion de mise au point « officielle » , sans que j’en reparle vraiment et sans qu’il n’agisse. Lorsque j’ai fini par revenir là-dessus, ç’a été pour lui avouer ma détresse du temps qui filait et questionner doucement son inaction. Sa réponse? Il pensait que si je n’en parlais plus, c’est que j’avais oublié. Que mon envie était passée. Stupéfaite, je suis restée sans mots.

J’ai rectifié le tout. J’ai été bien claire qu’à chaque occasion – ma fête, notre date, le jour de l’An, la St-Valentin – j’avais espéré que ce serait enfin la bonne… et été cruellement déçue chaque fois.

Plusieurs mois viennent de s’écouler et comme le projet bébé ne pouvait plus attendre, nous nous sommes lancés en parallèle… obtenant rapidement le résultat espéré.

Chaque semaine, ma grossesse avance et je suis déchirée de penser que si je « réussis » à me marier avant d’être maman, ce sera avec un gros ventre et pas de champagne.

Je suis en deuil d’un mariage pré-bébé.

Je commence à me préparer au pire scénario de mariage (à mes yeux actuels): me marier avec un enfant. Que notre enfant soit à notre mariage.

Quand je regarde autour de moi, facile de rationaliser mon « petit » problème. Un problème de fille qui n’a pas assez de vrais problèmes.

Mais c’est un vrai deuil. Et le plus difficile, c’est d’être impuissante… MAIS à la merci d’un humain. Ça rend la rancune facile, personnelle. Malgré tout l’amour.

J’ai ressenti sa sincérité, lorsque je lui ai partagé mon chagrin immense devant le temps qui passe, devant ce que je perçois de lui comme de l’indifférence paresseuse. J’ai entendu ses mots, lorsqu’il m’assurait que c’est important pour lui, mais qu’il veut bien faire les choses et qu’il attend le bon moment. Je me les répète pour me réconforter. Pour faire taire la petite voix qui voudrait l’accuser de ne rien comprendre. De procrastiner la femme qu’il dit aimer.

Et tout comme mon état avance, mon envie d’insister et de manipuler pousse aussi.

Faire confiance et laisser le temps faire son œuvre, lorsqu’on sent notre vie nous échapper avec urgence? Facile à dire. De l’autre côté de cette grossesse, tout n’est qu’inconnu et mystère.

Je porte la vie et pourtant, je suis en deuil.

 

Source: Giphy
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