Le gaslighting: quand la manipulation nous fait douter de tout, surtout de nous-mêmes
Mireille MartinL’identification de ce concept a été pour moi une révélation, littéralement. Sans oser prétendre changer à mon tour des vies, je suis convaincue qu’on doit mettre en lumière cette pratique déloyale. Éclairer ceux qui se sont sournoisement fait éteindre. En français, on nomme cette forme de manipulation le décervelage.
Gaslighter ou décerveler quelqu’un, c’est l’amener à douter de lui-même, de ses sentiments ou émotions, de sa perception, de sa réalité, carrément.
C’est sournois et insidieux. Ça n’a l’air de rien d’autre qu’un désaccord, parfois. On prend ce que la personne dit et on la fait douter d’elle-même : « Voyons donc… Tu as mal compris, tu as imaginé, tu overreact…! ». On invalide sa perception de la situation de façon à ce que les choses semblent tout droit sorties de son imagination, irréelles, exagérées… mais subtilement.
Une amie m’a raconté l’histoire d’un ex qui gamblait en cachette, causant de solides problèmes à leur couple. Un jour qu’elle avait assurément identifié la preuve indéniable, mais peu « tangible » d’une récidive, elle avait eu comme réponse (avec empathie et compassion, en plus!) que c’était son anxiété qui lui faisait imaginer des choses. À ce moment de sa vie, la fille en question doutait assez d’elle-même et de sa santé mentale pour y croire. Et le conjoint avait joyeusement pu continuer ses déboires secrets: le mal était fait. Même après que la vérité ait éclaté au grand jour, après que la relation se soit terminée, l’amie m’a raconté avoir lutté pendant des mois pour réapprendre à croire ses sens et son intuition. Elle avait été éteinte en douceur par un proche « digne de confiance ».
Les émotions sont faciles à décerveler. On est fâché.e ou attristé.e par une situation et on se fait dire de se calmer, qu’on en met, qu’on est susceptible, que ce n’est pas si grave.
Ça peut être une zone très grise. Autant il m’appartient de ne pas manquer de respect aux gens autour de moi lorsque je vis des émotions fortes et que nos avis peuvent différer de bien des façons, autant ces personnes n’ont pas le droit d’invalider mes émotions, qui sont des réactions involontaires et naturelles qu’il me faut accueillir et processer. Elles existent.
Si un proche m’a causé du tort ou m’a attristée par ses propos, je refuse qu’il minimise la façon dont je me sens pour arriver à ses fins, quelles qu’elles soient. J’ai eu de la peine, elle est réelle et je vais prendre le temps de la considérer et de la traiter… Et ce ne sera pas nécessairement au moment qui le rendra confortable #sorrynotsorry
Gaslighter, c’est chercher à réduire ce qu’une personne vit. C’est chercher à manipuler sa vision, son ressenti et sa compréhension d’une situation. J’imagine que ça peut partir de bonnes intentions, comme celle d’aider la personne à se sentir mieux (une potentielle fausse solution…!), mais à mes yeux, c’est surtout toxique, irrespectueux et néfaste pour la personne qui le vit. Cette personne en vient à douter d’elle-même et de ses émotions, à perdre sa confiance en son jugement et son intuition. « C’est sûrement moi le problème. Je dois me tromper. Je dois être hystérique. J’exagère sûrement… »
C’est une duperie qui sert le décerveleur en blessant invisiblement sa victime.
Si vous vivez une situation semblable, qui ne vous semble plus qu’une simple différence d’opinions, vous méritez d’aller au fond des choses et de vous faire confiance. Il y a de l’aide.
Pour lire à votre tour l’article qui m’a fait découvrir plus en profondeur ce phénomène toxique (et qui m’a fait un bien fou!), c’est ici.