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Faut-il vraiment donner une tribune à toutes les « opinions »?
Crédit: Montage/Urbania/Facebook d'Éric Duhaime

Comme plusieurs d’entre vous, j’ai appris qu’Éric Duhaime a été invité à écrire une chronique sur Urbania.

Urbania, c’est un média progressiste, ouvert d’esprit, qui permet de donner de la visibilité à des idées qui font changer les mentalités dans le sens d’une meilleure inclusion de tous les humains.

Éric Duhaime, c’est Éric Duhaime. Pas besoin d’en dire beaucoup plus que ça. Chaque fois qu’il s’exprime, ça semble être principalement motivé par l’envie de choquer. Jamais par celle d’informer. Ce n’est pas un journaliste, c’est un chroniqueur qui est payé pour dire tout ce qui lui passe par la tête. Et ce qui lui passe par la tête, ce ne sont pas de belles paroles pleines d’amour, de respect et d’inclusion, en général.

Ça fait que l’alliance entre Urbania et Éric Duhaine a de quoi surprendre.

Et tout ça a commencé quand Philippe Lamarre, le fondateur et éditeur d’Urbania, a été invité à l’émission d’Éric Duhaime pour discuter des médias québécois. Parle parle, jase jase et de fil en aiguille, cet échange est survenu :

« Au milieu de l’entrevue, il m’a demandé d’expliquer à ses auditeurs qui ne connaissaient pas URBANIA ce que ça mangeait en hiver. 

Avant même de me laisser le temps de répondre, il a ajouté « Est-ce qu’on pourrait dire que vous êtes un magazine de gauchistes du Plateau ?». Pris de court, j’ai réagi en affirmant que je préfère nous décrire comme un média progressiste, où une multitude de points de vue et d’allégeances peuvent cohabiter. Alors qu’il me disait ne pas avoir souvent lu des chroniqueurs qui pensent comme ses auditeurs dans URBANIA, je lui ai répondu à la blague que notre ouverture d’esprit est telle que s’il avait des idées à partager, nous serions heureux de les publier. » explique Philippe Lamarre.

Finalement, l’idée lancée d’abord à la « blague » a fait son chemin et voilà qu’Éric Duhaime a signé son premier article sur Urbania le 11 septembre.

Quand on y pense, la justification de Philippe Lamarre fait un certain sens. Oui, il l’avoue, c’est une belle opportunité pour les clics. Mais il dit aussi vouloir provoquer des discussions et réduire le clivage qui sépare la gauche de la droite au Québec. Selon lui, la présence du chroniqueur chez Urbania pourrait créer une espèce de pont entre des humains aux valeurs et opinions (souvent) complètement opposées.

« Pas tant parce que je pense comme Éric Duhaime et que je cautionne ses idées, mais bien parce que je crois sincèrement que nous vivons à une époque où nous ne sommes trop souvent qu’exposés aux idées auxquelles nous adhérons. Que ce soit à cause des algorithmes, des alignements idéologiques des médias ou simplement à travers le miroir déformant qu’est notre page Facebook, le clivage entre la gauche et la droite est devenu pire qu’un dialogue de sourds. On se caricature mutuellement, et au final, on ne prend pas le temps d’essayer de se comprendre. » ajoute Philippe Lamarre.

Hum… intéressant. En théorie du moins. Parce que dans les faits, pour provoquer un véritable dialogue, il faudrait que la voix d’Éric Duhaime apporte véritablement quelque chose aux débats sociaux. Il faudrait que ses propos ne soient pas purement fondés sur ses « opinions » et ses préjugés, mais bien sur des faits vérifiables (et vérifiés avant de sortir de sa bouche/ des touches de son clavier).

Parce que propager des idées préconçues et des préjugés, en quoi ça fait avancer les débats? En quoi ça entraîne des discussions qui vont vraiment faire évoluer les mentalités et comment ça pourrait permettre aux humains de se trouver des similitudes au travers des positions qui les divisent, les uns à gauche, les autres à droite?

On se retrouve comment dans le milieu quand la discussion tourne en rond?

Donner une énième tribune à Éric Duhaime « dans un esprit d’ouverture, de main tendue, où le clavier remplace le calumet de la paix », ça ne rendra jamais ses propos plus factuels. Ça va seulement donner à ses propos problématiques plus de visibilité.

Faut pas se leurrer.

« Quand j’ai annoncé à notre équipe que je trouvais qu’il s’agissait d’une belle opportunité, autant pour le stunt que pour les échanges qui en découleront, les réactions ont été pour le moins… mitigées. La moitié de l’équipe pense que c’est une idée de marde, l’autre est curieuse de voir comment cette expérience médiatico-sociale va se dérouler. » conclut Philippe Lamarre.

De mon côté, je pense qu’on aurait pu se passer de « cette expérience médiatico-sociale». Parce que propager des idées trop souvent teintées d’ignorance et d’une haine à peine masquée ne sera jamais la solution pour rassembler.

Même si on les diffuse dans un média progressiste.

 

Source: URBANIA

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