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J’ai arrêté ma médication

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J’ai arrêté ma médication
Crédit: Anthony DELANOIX/ Unsplash

J’ai arrêté de prendre ma médication depuis environ six mois. Je n’ai pas de raison vraiment spéciale qui l’explique: mon psychiatre a simplement fait diminuer ma dose progressivement, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de baisse possible.

Depuis l’enfance, j’ai eu un assez bon historique de rendez-vous avec des professionnels de la santé. Mes plus anciens souvenirs remontent à un orthophoniste que je voyais régulièrement à la demande de l’école primaire, car on croyait que j’avais des problèmes d’audition. Depuis, les rencontres avec divers spécialistes se sont succédé pour des raisons différentes, et plus tard, les prescriptions de médicaments à coup d’essais-erreurs.

J’ai pris du Ritalin, du Concerta et beaucoup de pilules aux noms familiers pour améliorer ma concentration à l’école. Ça n’a pas vraiment fonctionné, à vrai dire. J’ai eu quelques périodes où je ne prenais rien du tout avant, qu’évidemment, quelque chose dans mes notes ou mes comportements à l’école n’alerte un adulte qui suggérait de me faire consulter.

Il y a eu du bon et du mauvais dans tout ça. L’école faisait des démarches pour me soutenir dans mes études, mais la solution finissait bien souvent par être une pilule, surtout vers l’adolescence, quand on suppose que la personne est plus autonome et qu’elle peut trouver plus de solutions par elle-même face à divers problèmes. Je parle pas mal d’autonomie, car étant une personne avec un handicap un peu particulier, c’est pas mal mon gros défi.

Cela n’empêche pas que le passage vers l’âge adulte entraîne des problématiques souvent différentes de celles vécues dans l’enfance. Les attentes sociales sont plus élevées et il faut avoir les moyens pour bien s’ajuster. Même si je prenais de la médication et que je voyais une psychologue et une éducatrice spécialisée, j’ai frappé pas mal de murs, surtout lorsque mes suivis prenaient fin ou que je changeais d’école. Après un épisode dépressif, j’ai pris des antipsychotiques pendant environ cinq ans jusqu’à mon arrêt.

Mon corps a beaucoup réagi pendant quelques jours, comme s’il manquait quelque chose. J’ai même eu l’impression que c’était une erreur de tout arrêter et j’ai cru que j’étais peut-être configurée de manière à ce que j’aie besoin de prendre de la médication toute la vie. Heureusement, les effets du sevrage ont été brefs et j’ai rapidement retrouvé la forme.

Mon objectif ici n’est pas de prendre position pour ou contre les médicaments, en prendre ne devrait jamais faire l’objet de jugements erronés ou précipités, comme c’est souvent le cas. Je veux juste souligner que les médicaments ne sont que l’une des composantes du rétablissement et du suivi d’une personne.

D’ailleurs, ce n’est pas parce que j’ai arrêté la médication que ça signifie que tous mes problèmes sont résolus à 100% et que je refuse maintenant toute forme de soutien (je compte d’ailleurs consulter un(e) ergothérapeute pour mes problèmes d’alimentation). Mais même si elle m’a aidée à un moment de ma vie, la cesser m’a aidé à mieux cibler certains de mes besoins.

À un moment de ma vie où mes études supérieures se terminent et que je gère mon premier appartement, c’est le bon moment pour viser mes priorités. Sauf que maintenant, mon but n’est pas d’être une version « améliorée » de moi-même, mais d’être pleinement autonome au quotidien, sans me faire violence et surtout sans me sentir inférieure aux autres personnes.

C’est d’ailleurs ce genre de pensée que j’aurais aimé avoir pendant ma prise de médication.

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