D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été anxieuse. Lorsque j’étais petite, j’étais terriblement nerveuse dans les situations sociales. Je n’arrivais pas à parler à des étrangers. Je n’arrivais même pas à parler à l’école, dans ma classe. Parfois, l’anxiété était tellement forte que je n’étais même pas capable de répondre aux questions que mes enseignants me posaient. Je m’en sentais absolument incapable. La pression du regard de mes collègues de classes et des enseignements était complètement insupportable. J’adorais apprendre. Lire, écrire, calculer. Mais être parmi les autres, c’était épouvantable. J’en souffrais énormément.
Ce qui a rendu cette situation encore plus insupportable, c’est que les troubles psychologiques étaient encore plus méconnus que maintenant. Mes enseignants pensaient que je cherchais de l’attention, que je ne voulais que me donner en spectacle. Leur incompréhension de la situation était incroyable. Comment allaient-ils pouvoir m’aider à gérer mon anxiété, à me sentir mieux, à m’épanouir, s’ils étaient si loin de comprendre ma réalité?
Je me souviens de professeurs qui, lorsque je n’étais pas capable de m’exprimer devant la classe, que j’étais au bord de l’attaque de panique, me demandaient de me lever sur une chaise, ou sur un bureau, pour que tous puissent m’observer. J’étais constamment terrifiée à l’idée d’aller à l’école. Je me sentais complètement inadéquate. Je me sentais incomprise. Je me sentais problématique, et ridicule.
J’ai souffert de ces méthodes pendant des années. Alors que ces personnes auraient pu m’aider à trouver des ressources, des outils pour m’adapter en société, ils m’ont causé une phobie sociale encore plus importante. Et ont ruiné ma confiance en mon entourage. La confiance que les gens pourraient m’aider si j’en avais besoin. J’ai développé une méfiance gigantesque envers les gens, et encore plus de ceux en position d’autorité.
Encore aujourd’hui, après des thérapies et beaucoup de travail, malgré toutes les améliorations que mon état a connues, je dois encore me battre contre cette inquiétude. Cette crainte que les autres me mettent dans une situation extrêmement anxiogène, complètement insupportable. Que des gens profitent de leur autorité pour me faire vivre de la détresse.
C’est pour cette raison qu’il est vraiment important pour moi de parler de mes troubles mentaux. Je souhaite qu’on soit capable d’en parler ouvertement. Qu’on comprenne mieux la réalité des autres, de façon à agir adéquatement avec eux. D’intervenir comme il faut. Pour aider les gens, les jeunes, les enfants, à trouver les outils nécessaires pour s’épanouir.