T’sais les jugements du genre : « elle veut juste se faire remarquer », « elle veut juste de l’attention » ou « elle veut juste faire parler d’elle. » Y’a bien des déclinaisons du même type, mais étrangement, ELLE et JUSTE reviennent systématiquement. C’est tellement ennuyant et peu original que ça me donne envie de faire une p’tite sieste.
Messemble que ces paroles parviennent trop souvent à mon oreillette. Cette oreillette qui depuis toute petite les perçoit dans plusieurs contextes, notamment lorsqu’une femme souhaite changer les choses ou lorsqu’elle a de fortes convictions qu’elle exprime haut et fort. Lorsqu’elle est différente. Lorsqu’elle DÉRANGE monsieur et madame Tout-le-Monde. Pas besoin de chercher bien loin.
Récemment, l’incorrigible Sophie Durocher nous ennuyait (encore) avec ses écrits dans le Journal de Montréal. Du joli! Cette fois, elle avait envie de s’en prendre à Safia Nolin. Entre multiples jugements, elle ironise : « Safia s’adresse à son reflet dans le miroir : « Les gens ont parlé de moi à cause des vêtements que je m’étais MIS sur le dos. Comment je peux dépasser ça ? ». »
On se demande qui a véritablement envie de faire parler d’elle. Safia OU Sophie? Les paris sont ouverts. Anyway, tout au long de l’infâme papier, elle ne parle JAMAIS du message véritable de l’artiste, se contentant de la réduire et de la comparer maladroitement. De la mauvaise foi à l’état pur.
Dans l’excellent article « Je regrette, Greta » sur La Presse, Marc Cassivi nous offre nombre de cas où non seulement on ne parle pas du tout des idées de Greta Thunberg, mais EN PLUS, on l’accuse de simplement vouloir se faire remarquer et on ridiculise son image. Je vous partage quelques bijoux que le journaliste a pris soin de relever pour son lectorat, prouvant encore une fois la bêtise humaine :
« Prophétesse en culottes courtes » (À peine condescendant)
« Elle a le visage, l’âge, le sexe et le corps d’un cyborg du troisième millénaire : son enveloppe est neutre. Elle est, hélas, ce vers quoi l’Homme va. » (Greta Thunberg est autiste)
« Cette semaine, on a reproché à Greta Thunberg de se rendre au prochain sommet mondial sur le climat de l’ONU en voilier carboneutre, l’accusant de se donner en spectacle. » (Évidemment, si elle avait pris l’avion, on l’aurait traitée d’hypocrite)
« Greta Thunberg, avec sa campagne #fridaysforfuture, sert aux adolescents un « prétexte pour ne pas aller au collège ». Quelques-uns auraient été aperçus à une terrasse, buvant de la sangria. La belle vie… » (J’ai comme un déjà-vu du printemps érable)
C’est bien connu. Nous, les femmes, on est nées avec le seul désir de se faire remarquer. De se faire regarder, admirer, épier. On n’a rien à dire, vous pouvez vous permettre de juger notre qualité sur notre image. Nos actions sont continuellement un prétexte pour en arriver à des fins cachées. Vraiment? FRANCHEMENT.
Autant j’ai parfois l’impression qu’on avance, autant d’autres fois, on recule inexorablement. Que ce soit Safia, Greta, Manon Massé ou Catherine Dorion, c’est toujours la même chanson. De grâce, un peu d’originalité!
Gens de la Terre, avez-vous aussi peur de nous que ça? Parce que franchement, c’est l’impression que ça donne. Et bien, sachez que, nous les femmes, ça ne nous écrase plus. Au contraire, ça nous donne encore plus envie de crier haut et fort.