Lorsque vous prenez une grande décision ou annoncez une nouvelle importante, comment votre entourage réagit-il? À l’inverse: lorsqu’un proche vous annonce quelque chose d’important, comment réagissez-vous?
J’ai récemment commencé à remarquer une catégorie sidérante de personnes: les décourageffrayeurs.
Annoncer, par exemple, qu’on veut utiliser des couches lavables à un décourageffrayeur, c’est obtenir à peu près cette réaction: « Voyons dont, toi? Aux couches lavables? Tu es bien trop dédaigneuse/ paresseuse/ propre/ occupée pour faire ça, c’est trop de travail, tu vas jamais réussir, moi j’ai essayé/ mon amie ABC a essayé, c’était de la merde, littéralement ». Cet exemple est à peine romancé d’une réaction réelle qu’une amie m’a raconté avoir reçue hier, lorsqu’elle a partagé ses intentions à une copine.
Annoncer à un décourageffrayeur qu’on envisage faire quoi que ce soit d’un peu excentrique – et le niveau de tolérance à l’excentricité varie considérablement d’un décourageffrayeur à un autre – c’est automatiquement s’exposer au pire: « Tu ne réussiras pas, ne prends même pas la chance d’essayer. Ça coûte cher, tu vas te planter, d’autres ont essayé et n’ont pas réussi, moi j’ai essayé et je me suis blessé/découragé. Abandonne, emprunte le large chemin de tout le monde et ferme ta gueule.»
En gros : «Ton optimisme, ta confiance ou ta détermination, c’est juste de la naïveté et ça me fera plaisir de te les briser. »
Il y a un monde de différence entre un humain qui me partage son expérience ou sa vision d’une situation que je prévois vivre sous peu et un décourageffrayeur intrusif qui cible le pire de son vécu (incluant les terribles anecdotes du mythique « ami d’un ami » super badlucké).
La personne qui me parle, par exemple, de ses péripéties de changement d’emploi, des décisions qu’elle a prises mais regrettées, des ajustements qu’elle a faits, des apprentissages qu’elle en a tirés; ça me passionne et j’ai tout à en apprendre si je risque de passer par là prochainement.
L’humain qui me pousse son expérience dans le fond de la gorge pour m’effrayer, tenter de me contraindre de changer d’idée, casser ma motivation et me détourner de mes objectifs « au cas où ça tournerait mal », c’est non.
J’ai présentement un beau projet secret. Autant j’ai hâte d’enfin en parler à mes proches et de cheminer là-dedans, autant j’appréhende le moment inévitable où je devrai, avec le plus de douceur possible, mais fermement, refuser le discours d’un décourageffrayeur.
Ce moment viendra forcément. Celui où une personne de mon entourage aura un lourd bagage par rapport à ce qui s’en vient pour moi, décidera que mes choix sont stupides/ invalides/ naïfs et voudra me convaincre, par la peur ou le découragement, de changer mes plans. Et où je devrai mettre mes limites et m’affirmer malgré toute mon inexpérience.
Je revendique le droit d’essayer le chemin qui me convient. Je revendique le droit d’être respectée et écoutée. Je revendique le droit de refuser de me laisser éteindre ou influencer par les gens « d’expérience » qui ont peut-être juste peur – peur pour moi ou à cause de leur vécu. Je revendique le droit d’avoir confiance, de croire que je peux entièrement réussir. Celui de me tromper et de changer d’idée, aussi.
Je revendique le droit de me réinventer et de faire les choses un peu différemment. Le droit de surprendre par mes choix, même si « ça ne me ressemble pas », même si « je suis trop paresseuse/ peureuse/ cheap/ what-fucking-ever d’habitude », même si « je n’aurais pas fait ça d’habitude ».
Et si les circonstances tournent complètement mal pour moi, lorsque ce sera TON tour de passer par là, je te promets que j’accueillerai ta vision avec enthousiasme. Prête à te parler – si tu veux! – de mon expérience et de ce j’en ai acquis, mais pas pour te décourageffrayer. Promis. Je me surveille de près.
La vie est trop courte, trop excitante, pour se permettre d’éteindre la flamme de qui que ce soit.