2016, grosse année. Le coeur gros d’une séparation difficile, je prends quand même le chemin du voyage qu’on devait faire à deux. Anyway, c’était mon rêve, le Maroc. Le désert, l’exotisme, les couleurs, les souks, la médina, bref, vous voyez le topo.
J’embarque dans l’avion l’âme un peu molle, l’excitation plus ou moins au rendez-vous, désorientée, funèbre presque. Toujours est-il que je me lance dans l’aventure pareil, backpack sur l’épaulette, fuck the rest.
Fraîchement arrivée à Marrakech à la tombée de la nuit, je me rends direct à mon riad. Tripadvisor m’offrait exactement ma vision de ce que ça avait l’air, une habitation marocaine. Ça fait que j’ai booké et j’avais pas mal hâte d’y être. Après m’être cherchée un peu dans le labyrinthe infini de la vieille ville, je trouve mon hôtel et déjà, je suis conquise.
L’excitation monte, celle de la nouveauté, de la découverte et de la vadrouille. Je la connais bien, celle-là. Bref, ça ne fait pas deux heures que je me trouve en terre africaine que j’entends déjà deux voix féminines 100 % queb. De même là, en pleine dégustation de thé à la menthe dans ce séjour digne des Mille et Une nuits. Pas moyen de me défaire de mes consoeurs.
Malgré mon agacement, entre semblables, on se salue. Comble du malheur, ça a connecté direct. Cette vibe inexplicable avec certain.e.s humain.e.s lorsque c’est juste naturel. Comme si on se connaissait depuis une couple de vies.
De même, sans l’avoir demandé, mon voyage solo n’en était plus un. J’ai passé mes trois semaines avec ces deux fabuleuses Queb à explorer le Maroc et, de façon inattendue, à conclure la magie de ce voyage dans le sud de l’Espagne et du Portugal.
Le lendemain matin, je me réveille à l’aube, impossible de me rendormir vu la fébrilité de mon arrivée. Heureuse d’être en vie, je me lève et je vais m’abreuver d’un peu de thé. Encore du thé, me direz-vous? Et ben, c’est pas fini, parce qu’on boit TOUJOURS du thé au Maroc. Le sevrage de café est real.
Avec mes nouvelles amies, on part à la découverte de la médina, on en marche une claque, on se rend jusqu’au Jardin Majorelle, au Palais Bahia, à la place Jemaa el-Fna and so on. Un peu suintante et crampes aux jarrets, je me décide à leur proposer ce que je crois être LA bonne idée. « Eille les filles, ça vous tente-tu d’essayer un hammam? T’sais les spas traditionnels au Maroc? » Naturellement, elles me répondent par l’affirmative, excitées par cette nouvelle activité.
Ça fait que, gearées de nos plus beaux maillots, on se rend au hammam près de notre hôtel. Déjà, on se présente du côté des hommes. Wrong, c’est du côté des femmes qu’on doit aller. Changeant de porte, une dame plus ou moins avenante nous demande si on a notre savon noir et nos gants de scrub. Interloquées, on se regarde toutes les trois et pis non, on n’a aucun de ces items. Franchement, on n’a jamais eu à amener quoi que ce soit du même genre dans un spa au Québec.
Bref, le prix qui se voulait dérisoire commence à ne plus l’être, avec tout l’attirail dont on doit se munir. Peu importe, on veut l’essayer, ce spa-là! Après avoir payé notre dû, on entre dans un genre de vestiaire et une dame naked chest vient nous chercher. Elle insiste pour qu’on enlève nos maillots et, devant notre résistance, elle rend les armes avec ce qui semble être un peu de mépris dans les yeux.
Toujours est-il que c’est LÀ qu’on comprend. F*ck, je suis trop nouille. Ce n’est pas un spa ici, C’EST UN BAIN PUBLIC. Les femmes et leurs enfants, assis par terre dans les immenses douches, se lavent les cheveux, le corps et se rincent grâce aux bacs d’eau, l’eau étant puisée à même les robinets qui sortent des murs douteux.
Arrivées dans notre douche semi-privée, mes nouvelles amies (parce qu’on se connaît depuis moins de 24 heures, je vous rappelle) et moi, on s’apprête à se faire laver par la madame. Rires nerveux, malaise palpable, je suis la première à me faire passer au cash. Faut dire, je suis quand même instigatrice de cette bonne idée, LA coupable de ce qui va s’en suivre.
Tout ça pour dire que je ne me suis jamais fait scruber de même. Sans blague, j’en ai même eu des galles sur les mamelons pendant un bout. De haut en bas, de bas en haut, impossible d’être plus propre que ça. Exit le maillot de bain pour de bon, lavée, exfoliée, rincée de fond en comble, la dame me tourne et retourne dans tous les sens, me demande de m’asseoir par terre et me commande de m’épandre de tout mon long (!) sur le sol question d’avoir accès à tous les racoins. À ce moment, il était déconseillé de penser aux germes du carrelage.
Je peux vous dire que les filles se bidonnaient en background. Fist pump à mes nouvelles chums qui ont été solidaires jusqu’au bout. Parce qu’on a eu droit au même traitement, l’une après l’autre. Ultimement, c’est l’une de mes plus cocasses et inoubliables anecdotes de voyage. Parce qu’en vadrouille, faut s’attendre à pas mal tout et c’est ça, la beauté de la patente.