D’abord, fille, j’m’excuse. Même si c’est pas tellement à moi de le faire, j’me sens souvent dégueulasse pareil. La première fois, je le savais pas. Quand j’avais 19 ans, on s’était fréquentés moi pis D. Je trouvais ça drôle de le retrouver des années plus tard. On s’est retrouvés, c’était beau, ça goûtait bon. La deuxième fois, je lui ai demandé pourquoi on n’allait pas chez lui?
« Ben parce que ce serait gênant si ma blonde était à l’appartement en même temps… ». Ça pis un coup de masse dans face. Ta blonde? « Ben oui… » qui me répond le plus calmement du monde. « J’te l’avais dit ». Non. Non, tu me l’avais pas dit. À partir de là, j’ai eu un choix à faire. Pis j’te jure, fille, ça pas été facile.
D’abord, je l’ai renvoyé de chez moi. Je lui ai dit clairement qu’il la regarde ben comme y faut ma face parce que c’était la dernière fois qu’il allait la voir. Après, s’en ai suivi surtout de la colère, puis de la peine. Mais il est tenace, ce D. Il est revenu à la charge, plus qu’une fois. Pis avec les bons mots à part de ça. Tsé, j’ai ben de la misère a m’aimer depuis longtemps. Pis ça excuse rien. Mais quand les bons mots viennent te chercher a bonne place, des fois, c’est plus dur de t’en aller.
J’ai d’abord réfléchi fort. J’ai fessé le mur de mes valeurs plus qu’une fois. Pis j’ai décidé qu’il fallait qu’on s’assoie, moi pis lui, et qu’il me raconte le comment du pourquoi de tout ça. Fac t’es au courant. Tu sais. Tu connais mon nom, tu sais quand D est avec moi et t’as un autre garçon dans ta vie. Tu lui dis toi aussi quand tu t’en vas le voir. Vous savez les deux, que vous partagez votre chum/blonde avec une autre personne. Ceci étant établi, j’peux tu t’poser une coupe de questions…
Comment tu fais le soir, pour te coucher toute seule? T’es tu ben de te dire qu’il est chez moi? Comment tu partages la personne que t’aime? Comment tu fais pour partir pis pour le laisser partir?
Hier, j’ai décidé que c’était terminé. Un peu pour toi, un peu pour vous, beaucoup pour moi. On l’a fait un temps, puis j’me suis rendu compte que j’étais pas bien. J’ai besoin de beaucoup d’attention dans la vie. Là, je savais que je l’avais juste à moitié. Quand il me disait « je t’aime », ça me nouait ben trop le ventre pour que ce soit ça l’amour pour moi.
Que chaque fois qu’il se r’habillait devant moi, pour retourner dormir chez lui, j’voulais pas être la side chick. Toi, tu vis avec le fait que ton chum voit d’autres filles, moi je vis pas avec le fait que ton chum voit d’autres filles que moi. Je sais pas si c’est parce que nos définitions de l’amour diffèrent en sale ou parce que je suis jalouse de votre confiance aveugle, mais j’tai jugée, fille. J’tai ben gros jugée. J’espère que t’es ben dans ton ventre quand tu t’couches le soir pis même quand tu te réveilles le matin.
Mais moi, avec toute l’humilité du monde, j’pense que j’mérite un gars qui dort dans mon lit avec moi, chaque soir, parce que c’est chez eux aussi, tsé.