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Une histoire de sushis pas frais
Crédit: Diego Pontes/ Pexels

Je n’ai jamais été à l’urgence. J’ai été à la clinique trois fois dans ma vie, pour une pneumonie et une crise d’asthme non contrôlée en 2005 puis pour avoir dormi avec mes verres de contact en 2018 et le mois dernier.

J’ai d’abord cru en une intoxication alimentaire; j’ai commandé des sushis, ils ne goûtaient pas frais, j’ai été malade une partie de la nuit. Puis, le lendemain toute la journée. Encore toute la nuit. Je ne pouvais pas manquer le travail, c’était une des semaines les plus importantes de l’année. J’étais visiblement faible, fiévreuse, blême, je dormais entre deux réunions dans un coin de mon bureau. Ces sushis étaient vraiment en train d’avoir ma peau. Les nuits qui ont suivies ont été de plus en plus atroces. Je pouvais passer plusieurs heures consécutives à aller à la toilette et j’ai aperçu du sang à quelques reprises. D’abord, en petites quantités, mais la troisième nuit, il y a avait suffisamment de sang pour que cela m’inquiète. À 23:00, brûlée, lessivée et fiévreuse, je me suis retrouvée à chercher une clinique où il y avait encore de la place pour le lendemain. (Petite parenthèse ici, Bonjour Santé demande d’attendre 15 minutes entre chaque clinique. Je ne sais pas si Bonjour Santé s’est déjà retrouvé à 23:00 à chier du sang et ne pas être capable dormir et en plus, attendre 15 minutes pour réessayer un rendez-vous!!)

Et c’est le lendemain, à la clinique, que le marathon d’absurdité a commencé. Je voulais en parler parce que j’aurais peut-être su à quoi m’attendre si j’avais lu le témoignage de quelqu’un avant.  Le médecin, inquiet, m’a d’abord fait un toucher rectal pour s’assurer qu’il ne voyait rien d’anormal dans mon anus. Moi qui avais toujours trouvé les tests gynécologiques intimidants, disons que c’est une coche au-dessus niveau intimidation. Ensuite, puisqu’il n’était pas rassuré, il m’a envoyé en centre de prélèvements faire des tests.

C’est là que ça se complique un peu; en plus d’un test sanguin et d’un petit pot que je devais remplir de selles, on m’a remis 4 petits pots contenant un liquide. Dans chacun de ceux-ci, je devais faire une selle jusqu’à la ligne à une journée d’intervalle chaque pot, conserver le pot au réfrigérateur et le rapporter au centre de prélèvements maximum 24 heures après ladite selle. Considérant le temps d’attente et le peu d’heures d’ouverture des centres de prélèvements, imaginez le casse-tête! D’autant plus qu’entretemps, ma santé avait pris du mieux. Il n’en reste pas moins que mes symptômes avaient été suffisamment inquiétants pour investiguer.

Deux semaines plus tard, je me retrouve dans la même clinique où le médecin me confirme que les résultats l’inquiètent toujours. Il me réfère donc en coloscopie pour confirmer ses doutes de maladie de Crohn. Le stress aurait donc causé cette crise, et non pas les sushis pas frais. Comme je le mentionnais précédemment, j’entamais la semaine la plus importante de l’année au travail, j’étais exténuée, je travaillais 70 heures par semaine. Il n’en fallait pas moins pour déclencher une crise. Parfois, il faut écouter les signaux que nous envoie notre corps.

Je suis rassurée d’être allée consulter si vite. Les symptômes s’étant estompés d’eux-mêmes, j’aurais pu demeurer dans la thèse de l’indigestion et ne jamais investiguer. Je devrai dorénavant maîtriser mes moments de stress et écouter mon corps afin de ne pas déclencher d’autres crises similaires.

 

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