Fin 2014: une rencontre sur Facebook, une relation fusionnelle et compliquée, des conflits d'amour et d'amitié, puis une rupture de contact plus ou moins claire. C'est comme ça que ça a commencé.
J'étais devenue obsédée à l'idée de récupérer la personne concernée, au point de la rechercher partout et d'attendre de longues heures avant qu'elle se connecte en vain. Mes comportements obsessifs inquiétaient de plus en plus mes proches et j'ai fait un séjour à l'hôpital pour dépression majeure. On m'a recommandé de faire une bonne pause d'Internet et surtout des réseaux sociaux.
Je ne me sentais plus en contrôle de rien et je craignais tellement de retomber dans un down que je n'ai pas osé rouvrir mon laptop pendant deux semaines. Malgré tout, j'ai recommencé à l'utiliser pour faire des travaux d'école, mais je ne suis pas retournée sur les réseaux sociaux. Cette pause supposée être momentanée a finalement duré plus de deux ans.
Pourquoi autant de temps? Honnêtement encore aujourd'hui , je trouve ça flou. Probablement par crainte de retomber à nouveau dans la dépression.
J'ai donc perdu énormément de contacts, dont ma cohorte du cégep qui avait gradué un peu avant moi. En tout, j'ai conservé quelques amis du secondaire, car nous n'avions pas vraiment les réseaux dans nos vies quand on se connaissait. J'avais eux, plus mon chum de l'époque et ma famille. À part ça, c'était the sound of silence.
Même si j'étais occupée par l'université et quelques projets solos, je me suis enfermée dans un genre de routine très restrictive, simplement pour me protéger. Je suis une personne qui apprécie la solitude, mais mon cocon est devenu étouffant. Malgré tout, on me rappelait constamment que de toute manière, « les réseaux sociaux, ça ne remplace pas les vraies amitiés » ou que « j'allais rechuter » si j'y retournais.
Pourtant, j'avais cette sensation weird d'être dépourvue d'un organe essentiel lorsque je devais expliquer aux autres que je n'avais pas de Facebook ou d'Instagram. Malgré les alternatives (comme rappeler aux gens l'existence du téléphone), c'est comme si par défaut, je n'étais pas joignable.
Fin 2016: à la suite de ma rupture avec mon chum, j'ai choisi de me recréer des comptes sur les réseaux sociaux. J'ai rapidement eu des demandes d'amitié de personnes avec qui la relation avait « gelé » pendant mon isolement, mais pour plusieurs d'entres-elles, le temps avait déjà fait son oeuvre et nous nous sommes à nouveau perdues de vue naturellement. Cela ne m'a pas empêchée de faire de nouvelles rencontres plus tard.
Cette pause n'a pas eu que du mauvais, puisque je suis capable d'avoir beaucoup plus de recul. Je me sers des réseaux en m'impliquant dans des groupes qui soutiennent des causes qui me tiennent à coeur, ou pour participer à des événements (bien qu'il m'arrive parfois de regarder des photos de chiens qui dorment dans des positions cutes). Je réalise qu'avant, je les utilisais majoritairement pour maintenir mes amitiés, sans réaliser qu'il ne s'agissait que d'un moyen parmi tant d'autres. Autrement dit, presque toute ma vie sociale était concentrée là-dessus.
Au final, j'ai toujours ma poignée d'amis proches et je me satisfais de cela, mais je me sens beaucoup moins mise de côté. Je regrette toujours un peu de m'être isolée volontairement pendant aussi longtemps, même quand ma dépression s'est terminée.
Avez-vous déjà fait une pause des réseaux sociaux?
Si vous pensez souffrir de dépression ou si vous avez besoin d'aide, appelez sans frais et de manière anonyme Écoute Entraide au 1-844-294-2130 ou Suicide Action Montréal au 1·866·277·3553 (1·866·APPELLE).