L’autre jour, une amie a lâché approximativement ceci : « t’sais, un divorce c’est le plus gros échec de leur vie pour bien des gens ». Ça me trotte dans la tête, depuis.
À ma plus grande surprise, ce n’est pas mon point de vue.
J’ai longtemps été une bonne petite croyante qui voulait plaire et faire les bonnes affaires dans le bon ordre pour avoir ses autocollants et sa tape dans le dos. Divorcer, c’était le contraire du plan et ç’aurait dû être un échec. En fait, si on se marie pour de bonnes raisons, notamment par amour, par conviction, avec détermination, le divorce n’est jamais prévu!
C’est d’ailleurs un mot terrible, DIVORCE. Au même titre que MARIAGE est un mot sérieux et j’prends ni l’un ni l’autre à la légère. Les deux sont des décisions lourdes de sens et de conséquences. L’engagement n’est pas pour moi un produit jetable et y mettre fin n’est pas la solution numéro uno.
La vie brasse dans tous les sens. Ça permet d’apprendre. De se découvrir et de grandir. Idéalement.
Fait que j’ai grandi. Pleuré, eu peur. Appris que j’faisais de la tabarouette d’anxiété. Appris que j’étais capable du pire. Appris que je pouvais être une humaine méchante, contrôlante. Eu honte d’être moi. Été en colère d’être moi. D’être dans ma situation.
Avant tout ça, j’avais aussi appris (facilement, t’sais) que je pouvais aimer, fleurir et être formidable. Le beau et le laid se côtoient si souvent. Et parfois, le laid l’emporte et gâche presque tout.
Dans certains moments charnières, on prend des décisions et on pose des gestes. D’autres feraient autrement et ne se privent pas d’opinions, comme je l’ai appris assez vite. Des décisions ont été prises, donc. Ni faciles ni légères.
Mais un échec…? Je sais pas. Mettre fin à un mariage, ça n’efface pas les apprentissages et tout ce que la relation a été. Ça ne disqualifie pas une époque complète.
Étrangement, mon divorce est pour moi un quasi-succès accidentel : pour la première fois de mon existence, littéralement, j’ai agi par et pour moi-même. Sans me fier aux convictions habituelles de ma vie d’alors. Malgré ma peur de l’opinion de mon entourage – je mourais de peur. Sans attendre que la vie (ou Dieu, d’où je viens) règle les choses à ma place.
C’était terrifiant, de sauter dans le vide. De susciter des confrontations (j’haïs ça, no joke, j’aime mieux une gastro explosive). De devoir discuter sans fin et avec tout un chacun d’une situation intime et complexe qui ne les regardait aucunement. De perdre des relations.
C’était une multitude de deuils de toutes sortes et de toutes intensités. Parfois, à travers, des regrets et des « oui, mais siiiiii…? » tout naturels à ma personnalité.
Pas d’échec là-dedans non plus. Que des réflexions et d’autres apprentissages.
On a essayé de me faire croire que je subirais de terribles, terribles conséquences à agir et changer ma vie. Au lieu de quoi, j’ai enfin découvert la personne avec laquelle je suis engagée forever dans la relation la plus intime et vitale qui soit : moi-même.
Je sympathise sincèrement au sentiment d’échec. Les choses ne se passent (souvent) pas comme on l’espérait, l’orgueil et le drama peuvent s’en mêler, mais ce n’est pas la finalité d’une vie. Avance, recule, réessaie, fonce, espère et apprends.
Oh, bien sûr que tout ceci aurait pu s’apprendre autrement. Évidemment! Mais c’est une réflexion parfaitement stérile que d’y revenir, parce qu’ici et maintenant, c’est la vraie vie.
Et elle est magnifique; tout-inclus et forte de toutes ces expériences.