Encore un autre cycle de 365 jours qui a passé; c’est le retour de ce temps de l’année où je dois faire semblant de ne pas être mal à l’aise quand 10 personnes me chantent « bonne fête Joanie, bonne fête Joanie, bonne fête, bonne fête, bonne fête Joanie » dans un resto bondé.
33 ans. My god. 33 ans. À 23, j’aurais fêté toute la nuit, dormi sur le plancher avec un coussin de divan comme oreiller, je serais allée travailler le lendemain matin, fraîche comme une jonquille, maquillée comme la veille, en ayant mis mes bobettes dans la sécheuse avec une feuille de Bounce.
À 33, je suis très excitée à l'idée de me coucher à 21h, dans mon lit, avec un matelas mousse mémoire et mes oreillers orthopédiques pour soigner mes maux de dos parce que c’est ce que mon orthothérapeute m’a conseillé. Ah pis le Bounce? Eh bien, je suis plutôt rendue avec un parfum préféré. Tu le sais que tu n’es plus neuve, neuve quand tu commences à avoir des produits ménagers préférés. « OMG, as-tu senti le nouveau Hertel à la papaye? LE BONHEUR! »
33 ans. Y’a deux semaines, je me suis barré le dos. Pas en flippant des pneus au CrossFit ou en montant une montagne pendant un marathon. Non. Je me suis barré le dos, attention, parce que… j'ai mal…. DORMI! Oh! C’est une athlète de renom, cette Joanie.
33 ans. Je n’ai plus de mémoire. Pire. Je n’ai plus de mémoire pour les choses importantes. Je connais par coeur le numéro de téléphone du Clan Panneton, mais pas celui de mon chum. Ça veut dire que je ne peux pas me retrouver en prison avec un seul appel, parce que la seule chose que je pourrais faire, c’est de me booker un déménagement de 4 ½.
33 ans. Je commence à avoir une black list d’aliments que je ne peux plus consommer après une certaine heure. « Hein? Manger des oignons crus passé 20h? Ça va clairement mal finir. » En fait, mon alimentation de fille de 33 ans peut être comparée à la fréquentation d'amis de mauvaise influence. Tu le sais que si tu fricotes avec eux tard, les choses ne se passeront pas bien et tu vas clairement le regretter.
J’ai développé un amour infini envers les chandelles et les plantes comestibles, je vérifie la météo avant de sortir pis la question que je me pose le plus souvent dans ma vie, c’est : « bon, qu’est-ce qu’on mange pour souper? » Après être passée à table, j’ai une technique super précise et scientifique pour ranger ma vaisselle dans le lave-vaisselle. J’ai un savon à vaisselle préféré. * Soupir *
33 ans. J’suis rendue à l’âge que je ne pensais jamais voir arriver. Quand tu as 23, le trente paraît impossible à atteindre; c'est tellement loin pis long. Mais là, boom, j'y suis! Pis maudine, c’est pas mal plus le fun que je pensais!
J'aime mon matelas mousse, mon Bounce « effluves du printemps », mon dos qui craque, mes oignons crus (mangés assez tôt, quand même), mon abonnement annuel chez Bath & Body Works, pis le seul numéro de téléphone (inutile) dont j'arrive à me rappeler.
Au final, je me console en me disant qu’à défaut d’avoir de la mémoire dans mon cerveau, j’en ai beaucoup dans mon matelas.