Taïwan est le premier pays d’Asie à avoir légalisé le mariage entre deux personnes de même sexe en date du 17 mai dernier. Dans le contexte actuel, je ne peux qu’affirmer que cet événement me redonne foi en l’humanité.
Le parlement taïwanais a su résister aux pressions de l’opposition conservatrice en adoptant le projet de loi le plus inclusif parmi les trois proposés. Il autorise ainsi les personnes homosexuelles à former des « unions permanentes exclusives » et à s’inscrire au « registre des mariages ». (Le Devoir/source)
La bataille n’est cependant pas gagnée. Cette nouvelle loi ne donne pas l’entière égalité de la communauté LGBTQ+ avec les personnes hétérosexuelles. Malheureusement, l’adoption de l’enfant biologique du partenaire est la seule option offerte aux couples homosexuels, et un mariage avec un étranger n’est pas reconnu. (La Presse/source)
Cela n’empêche pas Taïwan de s’inscrire au sein de la liste des 27 pays ayant légalisé le mariage homosexuel dans le monde. (Le Devoir/source) Vous avez bien lu : 27, pour l’ensemble de notre planète. C’est bien trop peu. C’est cependant par chaque avancée, comme celle de Taïwan, qu’il est possible de faire changer les choses petit à petit. Le pays qui peut se vanter d’avoir organisé la plus grande « gay pride » du continent asiatique (Le Devoir/source), malgré certaines clauses de la nouvelle loi devant être modifiées, me donne espoir en un avenir meilleur.
Les derniers jours ont effectivement teinté mon discours de cynisme : chez nos voisins du sud, les droits les plus fondamentaux sont remis en question, voire retirés. L’Alabama a en effet voté le 14 mai dernier le projet de loi le plus restrictif des États-Unis en matière d’avortement. Il interdit la presque totalité des interruptions volontaires de grossesse, sauf si la vie de la mère est en danger, ou s’il se trouve une « anomalie létale » chez le fœtus. Ainsi, même les femmes victimes d’inceste ou de viol seraient condamnées à mener à terme leur grossesse. Des peines sévères seraient également imposées aux médecins pratiquant des avortements, soit entre 10 et 99 ans de prison. Cette proposition de loi est tout simplement inhumaine et inacceptable. Devons-nous recommencer la lutte des années 60?
L’État américain est d’ailleurs loin de faire preuve de l’ouverture d’esprit de Taïwan concernant la communauté LGBTQ+. La télévision publique de l’Alabama a censuré un épisode du dessin animé Arthur dans lequel l’enseignant du personnage principal se marie à un autre homme. Aussi choquant que cet événement, il ne s’agit pas de la première fois qu’un pan de cette série télé a été retiré des ondes. En 2005, PBS Kids avait empêché la diffusion d’un épisode où un personnage rendait visite à un couple de femmes. (Paris Match/source)
Décidément, il y a de quoi être révolté.e, outré.e et choqué.e devant le retrait des droits de base tels que l’avortement, et un manque flagrant de respect ainsi que d’ouverture envers la communauté LGBTQ+. Personnellement, je le suis.
Cependant, il est faux d’affirmer que nous sommes impuissant.es. Malgré les événements révoltants qui se déroulent actuellement en Alabama, la mobilisation citoyenne est toujours en mesure de changer les choses. C’est ce que nous démontre la légalisation du mariage homosexuel à Taïwan. Uni et clamant son opinion haut et fort, un groupe de personne a la capacité d’infirmer des décisions d’institutions politiques.
Continuez de vous indigner, de crier, d’énoncer vos convictions pour défendre nos droits. Nous nous devons de garder espoir, et de nous rappeler que le pouvoir de bâtir un futur meilleur réside toujours entre nos mains.