La saison des festivales est à nos portes!
Parmi les événements qui sont bien ancrés dans le paysage culturel montréalais, il y a le FRINGE!
On a eu la chance de poser quelques questions à Jessica Beauplat (qui est aussi l'une de nos collaboratrices hihi), qui présente la pièce Touche pas à mes cheveux (et autres principes de base).
1. Tu as écrit ta toute première pièce Touche pas à mes cheveux (et autres principes de base). De quoi ça parle?
Cette comédie dramatique raconte l’histoire d’une fille qui a décidé de monter un cours 101 sur les cheveux de la femme noire: Touche pas pas à mes cheveux (et autres principes de base). Une fille qui sait, qu’en abordant ce sujet avec sa classe, elle devra probablement marcher sur des oeufs.
Mais comme elle est fatiguée de tourner autour du pot, elle est prête à prendre le risque de dire les vrais affaires d'appeler les choses comme elles sont. Elle veut partager ses expériences et celles de ses amies pour permettre un véritable dialogue. Peut-être qu’alors, les gens ne seront plus gênés de parler de poser de vraies questions au-delà de la typique phrase: Est-ce que je peux toucher à tes cheveux? – du moins pour ceux qui le demandent.
2. Quel est le ton de la pièce?
Le titre de ma pièce sert de prétexte pour parler de féminité, de racisme (ordinaire) et des relations humaines, le tout de manière décomplexée avec une pointe d’humour.
Mon humble but est que les gens passent un bon moment, que ça suscite un dialogue et peut-être même que ça aide à réconcilier le Québec au grand complet sur la question de la diversité, en une seule courte représentation de 30 minutes. Rien de moins. « Think BIG » comme disait Elvis Gratton!
3. En quoi est-ce important de parler du concept de « Don't touch my hair», une réalité qui fait vraiment partie du quotidien des femmes noires?
Je crois que c’est important d’en parler parce que ce geste, aussi banal soit-il, relève d’une curiosité qui nous vient de l’époque coloniale. C’est spécial quand même, parce que je ne pense pas que le geste soit automatiquement mal intentionné.
Pour être franchement honnête, moi-même des fois il m’arrive de toucher les cheveux de mes amies quand je suis flabergasté devant la perfection de leurs boucles, même si c’est plutôt rare.
Bien que ce soit parfois inconscient, c’est tout de même ce qu’on appelle en anglais du internalized racism. C’est le plus subtil héritage du temps de l’esclavage. (Ce serait un peu long à expliquer ici, mais je vous encourage à googlé sur sur le sujet s’il vous intéresse.)
Je ne me frustre pas nécessairement quand les gens me le font, je pense que je dois être blasée. Certaines personnes que je connais ne le supporte plus. C’est comme si elles avaient atteints leur quotas. Genre « après 20 ans, j’suis tannée, touche-moi pas » ! Je les comprends parce que j’ai beau être calme par rapport à ça, tout dépendamment comment je me sens ça peut aussi venir me chercher. Ça donne l’impression que la personne se permet un droit acquis sur ton corps.
Je pourrais comparer ça aux femmes enceintes. Beaucoup d’entres elles n’apprécient pas de se faire toucher le ventre par des inconnus, d’autres ne s’en formalisent pas du tout, nada, niente. Et bien qu’un beau ventre rebondi peut paraître irrésistible et fun à toucher, mieux vaut se garder une petite gêne surtout si tu ne connais pas la personne. Avis aux mains baladeuses…
Le principe de base suivant: Il y a des choses qu’on peut regarder mais qu’il vaut mieux ne peut pas toucher. Comme:
Les bibelots dans un magasin;
Le corps des femmes sans permission, c’est NON, même si elle porte du linge sexy;
Les étoiles (il n’y a pas plus inaccessible);
Les requins (pourquoi tu voudrais toucher à ça de toute façon?!);
Un cactus (à tes risques et périls);
Les cheveux des femmes Afro-Américaine (alors je dis Afro-Américaine parce qu’on est en Amérique mais on s’entend c’est pas plus acceptable si ce sont les cheveux d’une Afro-Brésilienne). You know?
Sur une note plus sérieuse, je crois que ça fait du bien de voir et d’entendre d’autres histoires sur scène. J’aime la manière dont le théâtre questionne les choses et pousse à la réflection. Je veux que les gens retiennent ce qu’ils veulent, ce qui les touchent le plus, pourvu que ça pousse leurs conversations avec les autres plus loin.
5. Comment as-tu trouvé ta première expérience d'écriture dramatique?
Franchement ça faisait peur. Je me disais quelle idée de fou!
Puis comme c’est ma toute première production et que je voulais m’en tenir à 30 minutes, sans tomber dans la lourdeur extrême je voulais m’assurer que les propos soient balancés. Comme je racontais à une amie, ça été une expérience somme toute, scary cool. Oui, ça fait un peu peur, mais c’est quand même assez fou et vraiment nice de réaliser que j’ai réussi à créer quelque chose qui sort de ma tête et que je vais pouvoir partager avec le public.
Touche pas à mes cheveux (et autres principes de base)
Le Ministère, 4521 St-Laurent
Du 6 au 16 juin, dans le cadre du Festival St-Ambroise Fringe de Montréal!
Pour plus d’infos, rendez-vous sur la page de l’événement sur Facebook
Et pour l'achats de billets, c'est par ICI.