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Les premières fois sans maman
Crédit: Bruce Mars / pexels

Ma mère est décédée soudainement, en mars dernier. Je n’avais pas eu le temps de me préparer. Et encore aujourd’hui, deux mois plus tard, je ne suis toujours pas certaine de réaliser tout ce que ça implique. Je sais simplement que les premières sont particulièrement éprouvantes. J’imagine qu’on s’y fait, à la longue, même si l’absence se fait toujours sentir.

La semaine dernière, c’était la fête des Mères. J’ai volontairement choisi d’en ignorer l’existence. Je ne suis pas une maman et je n’ai plus de maman alors cette fête ne faisait aucun sens à mes yeux. Et malgré le fait que je sois passé outre cette fête, elle a été dure. Parce que la fête des Mères est partout sur les réseaux sociaux. Parce que tout le monde demande si « tu fêtes la fête des Mères? » et la réponse « Ma mère est décédée en mars » ne m’intéresse particulièrement pas. Je n’ai plus envie de relater les circonstances du décès de ma mère, de discuter de comment je me sens par rapport à ça et d’expliquer à quel point on ne réalise pas toute la place qu’une mère prend dans notre vie avant de la perdre, comme ça, sans explications.

Non seulement elle est partie sans me laisser sa recette de jambon de Pâques (tu m’excuseras maman, nous l’avons raté), elle a conservé de nombreux secrets de «maman » aussi. Il y a de trop nombreuses fois où j’aimerais l’appeler pour lui demander XYZ information et ce n’est pas possible. C’est aussi ma mère qui achetait mes collants et mes bas de nylon; je déteste acheter des collants et des bas de nylon, car je les déchire et j’ai l’impression d’avoir mis 20$ aux poubelles. Je me suis donc abonnée au coffret de Rachel, mais ça ne remplace pas ma mère.

C’était aussi la première fois où j’étais ébranlé par le caractère agressant qu’à probablement la fête des Mères pour de nombreuses autres personnes. La première fois que les posts s’adressant à ceux qui ont perdu leurs mères, aux mères qui ont perdu leurs enfants, à celles qui essaient d’être mères … m’ont touchée. Et j’ai été ébranlée de voir pour combien de gens cette fête est une torture. Et comment, dans le quotidien, l’absence d’une mère peut être dérangeante.

Récemment, sur un groupe Facebook dont je suis membre, une dame publiait « Mes filles sont rendues vieilles, je ne me sens plus mère, je suis quoi maintenant » et je lui ai répondu que j’avais perdu ma mère à près de trente ans et je l’aurais gardée des dizaines d’années de plus. Une mère, on en a besoin pour la vie et la mienne est partie trop tôt. Une chance que la fête des Mères, c’est une seule fois dans l’année. Il y aura cependant sa fête, Noël et tous ces autres moments dans l’année pour me rappeler qu’elle est partie trop tôt.

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