2 minutes. Ça prend 2 minutes pour changer la journée de quelqu’un. Dernièrement, en allant me commander un café chez mon ami Donald le MC, je voyais, du coin de l'oeil, qu’une dame me regardait. Intensément. Pas un regard du genre « coudonc-on-as-tu-déjà-travaillé-au-Simons-ensemble-en-2006-pendant-10-minutes », plus un regard du style « cibole-j’pense-qu’on-a-déjà-fait-le-tour-du-Canada-ensemble-dans-un-Westfalia-pis-on-est-âmes-soeurs ».
Elle s’approche. Évidemment, premier réflexe personnel : je me referme sur moi-même. Parce que c’est connu, n’importe quel humain s’approchant de toi de façon non habituelle est soit 1) un tueur en série, soit 2) quelqu’un qui veut te rentrer dans une secte introversionniste, soit 3) quelqu’un qui veut t’embarquer dans son équipe diamant ou émeraude de sachet de café Kéto qui te fait maigrir, qui change ta vie et te rend riche, riche, RICHE. Ah, oops. Les deux derniers exemples sont similaires, ma comparaison itWorks pas. #lol
Donc, elle s’approche. S’excuse. Me demande où j’ai acheté mes pantalons. Première pensée : « euh quoi, mes pantalons sont sales, sont trop courts, sont trop laids, sont passés date, EST-CE QUE J’AI MIS DES PANTALONS CE MATIN OU QUOI. »
Je lui avoue que ça fait déjà quelques années et que je ne me souviens pas très bien. Je ne connais même pas mon code postal par coeur ni le jour où je dois changer ma voiture de place pour ne pas pogner de ticket, c’est au-delà de mes capacités mentales de retourner 4 ans en arrière pour une paire de pants.
Elle me dit simplement : « juste wow, la couleur est superbe et désolée de te dire ça, ça te fait vraiment de très belles fesses, sans aucune arrière pensée! » Wow. Ok. Euh. Wow. Merci? Merci. Ok. Super. Good. All good. Ça me confirme au moins que j’ai eu la délicatesse de me mettre des pantalons ce matin-là avant de partir de la maison. Bien joué, Joanie.
2 minutes. Ça prend 2 minutes pour changer la journée de quelqu’un. Le mood de ma journée a complètement changé. C’était gris. Aussi gris que le café dans la chanson Motel 117, sans les wakeups. Mais je me suis réveillée. Ma tête s’est relevée. Mon regard s’est un peu illuminé. « Ça te fait vraiment des belles fesses. »
Les compliments, c’est gratis. Gars à filles. Filles à gars. Gars à gars pis SURTOUT, bon sang, FILLES à FILLES. Oui pour l’équité jusque dans les compliments.
« C’est vraiment beau tes cheveux! »
« Tes yeux sont tellement brillants, on dirait la damnée sorte de phares d’auto lasers intergalactiques qui nous aveuglent, quand on les croise sur l’autoroute, un soir de pleine lune qui transperce tes rêves à coups d'espoir d'amour, brouillant même le brouillard. » (Je te la donne celle-là Éric Lapointe).
Complimentez. À outrance. En quantité industrielle. Vos amis. Des étrangers. Votre commis de dépanneur. Complimentez. Mais n’oubliez pas de complimenter la personne la plus remarquable : vous.
Ça prend 2 minutes. Ça change tout.
38 minutes. Ça fait littéralement 38 minutes que je regarde cette photo de moi en bikini, prise à Pâques en Floride, extra chocolat, en me demandant si je vais réellement avoir le guts de poster ça.
Oui. C’est ok. Je m’aime.
Pis j’ai vraiment des belles fesses.