Wow le temps file à toute allure : cela fait 9 ans que je suis au Québec. J’ai donc plus de 3 000 jours de vie montréalaise au compteur. Que reste-t-il de ma French touch, au juste?
Un parler hybride (mais un accent anglais toujours aussi pourri)
Ma façon de parler a évolué. Un je-ne-sais-quoi dans l’intonation suffisamment marqué pour tromper un.e compatriote mais pas assez pour tromper un.e Québécois.e, surtout quand j’utilise des anglicismes (Tupperware, hamburger, MAcDo… mais pas McGill, celui-là, je le prononce correctement!)
Les expressions que j’utilise aussi ont évolué selon une logique qui m’échappe. J’ai arrêté de faire du shopping pour magasiner et j’envoie des courriels (pour changer des e-mails) depuis mon cellulaire et non mon portable (et encore moins mon smart phone). En revanche, j’enfile encore mes baskets pour faire mon jogging et ce sont toujours des « gros mots » qui m’échappent (pas mal sûre que je sacrerai toute ma vie en français de France!).
Peu de changement pour la bouffe (ou si peu)
À mon arrivée, j’appréhendais le choc culturel alimentaire et j’avais tort. J’ai fait bien des découvertes de produits locaux (même que j’en redemande) et j’ai pu conserver l’essentiel de mes habitudes à l’épicerie (après quelques tests de différentes marques, j’ai trouvé les produits équivalents). Bon, la baguette, le fromage et le vin me semblent bien trop chers, les pâtes à tarte fraîches (et non congelées) prêtes à étaler me manquent et je ne dirai pas non à un peu plus de choix au rayons des desserts lactés (ici, j’ai même envie d’ajouter : y a pas que la Danette dans la vie!). Aussi, la saveur « vanille française » me laisse toujours aussi perplexe. Mais ce sont des détails, je mange bien au Québec!
J’ai aussi appris à apprécier les brunchs avec des œufs brouillés et du bacon, les bagels avec du fromage avec la crème et je sucre mon yogourt avec du sirop d’érable. Je cuisine maintenant en tasse et j’ai été soulagée de constater que les choix de restaurants sont variés et ne se limitent pas à la restauration rapide (oui, je traînais quelques préjugés culinaires dans mes bagages…).
Les références culturelles (work in progress)
Je manque encore cruellement de références en ce qui concerne la culture d’icitte (classique comme pop) : littérature, cinéma, histoire, vedette, art, médias… J’en apprends tous les jours ou presque sur les cultures canadienne et québécoise. Et, allez savoir pourquoi, je n’ai jamais accroché avec les programmes télé. Ce qui m’amène à penser que j’écoutais (en fait, non, je regardais) la télé en France par habitude plus que par intérêt, car cela ne me manque pas.
Côté culture française, il me reste évidemment mes références acquises durant mes 29 premières années de vie. Mais je dois reconnaître que je suis déconnectée des tendances les plus récentes (bien que je consulte encore un journal français quotidiennement). Sur ce point, disons-le franchement, j’ai une petite touche vintage quand je rentre en France.
Vous l’aurez compris, j’ai assimilé bien des éléments de la culture québécoise mais je les ai agrémentés à ma sauce, ce qui me donne cette saveur si particulière (et si originale sur le Plateau, ahahah).