Quand tu perds un ami, l'une des pires choses à se faire répondre, c'est « tu n'as qu'à t'en faire de nouveaux! » Surtout quand cette amitié s'était cristallisée dans le temps. C'est une relation qui se travaille, qui est toujours en mouvement et qui demande un certain investissement. Elle implique souvent la résolution d'épreuves pour se prolonger.
Voilà, tout ça pour dire qu'il y a quelques mois déjà, un bon ami m'a dompée. Via texto. Cette amitié était terminée et il préférait ne pas en discuter. Bref, finito.
J'étais pas mal sans mots, tellement mon cocktail d'émotions était aussi brouillé que son dernier message. Je n'ai sû répondre à mon tour qu'un maginifique « K » et je signais la fin de bail de la relation. J'étais surtout frustrée de ne pas avoir la chance d'en parler avec lui. En même temps, il était hors de question que j'insiste pour une discussion. Il avait fait son choix.
Le plus difficile là-dedans, c'est que je n'ai pas vu la situation venir. On avait pris nos distances
depuis un moment. C'était compréhensible, il s'était beaucoup investi il y a quelques mois quand j'avais une mauvaise passe. Je me disais simplement qu'il travaillait, qu'il avait une vie. Je n'aurais pas imaginé qu'il « casserait » pour de bon.
Dans les semaines suivantes, j'ai beaucoup ruminé. Je me demandais ce que j'avais fait de pas correct et j'explorais beaucoup la situation. J'avais des indices mais surtout des questionnements et en fin de compte, je suis restée avec un bon bagage d'hypothèses.
J'ai même voulu effacer les traces de cette relation, car mes pensées étaient envahissantes. C'est facile de supprimer un numéro de téléphone d'un répertoire ou de bloquer une personne sur Facebook. J'ai mis beaucoup plus de temps à me défaire des preuves plus concrètes de cette amitié, comme cette lettre qu'il m'avait écrite alors que je ne me sentais pas bien. Je voulais probablement la garder simplement parce qu'elle signifiait que cette amitié avait un jour été sincère. J'ai fini par me défaire d'autres choses qui me rappelaient cette personne et ensuite de trucs qui n'avaient rien à voir, mais qui encombraient mon espace. J'ai fait un gros ménage et ça a fait du bien.
On m'a un jour demandé, quelle était mon amitié idéale. Pour moi, c'est une relation sans filtre, où on peut dire pas mal tout ce qui nous passe par la tête dans avoir peur de ce que l'autre pourrait penser. C'est aussi de savoir se parler quand l'autre fait quelque chose qui nous déplaît. L'un ne va pas sans l'autre.
J'ai alors réalisé qu'il était temps que je mette fin à cette recherche. C'est correct de se remettre en question, de se demander quel est notre apport dans la fin d'une amitié, en revanche, cela ne doit pas nous nuire au quotidien au point de croire qu'on est trop toxique pour garder des ami.es. Il n'y a pas forcément de méchant ou de gentil dans l'histoire et à un moment il faut cesser de chercher un coupable.
C'est aussi correct d'écrire pour se libérer, en parler, même se défouler et exprimer notre colère sur la situation (si ça peut aider à faire sortir le méchant, why not). Il faut vivre ses émotions et il n'y a absolument aucun mal à passer par là. Se faire domper c'est jamais le fun.
Mais le plus important, c'est de continuer d'avoir des projets après cette rupture. Peu importe ce que c'est, que ce soit de s'investir dans d'autres relations, commencer une nouvelle activité ou continuer celles que l'on poursuit déjà, quitte à se faire un bon planning. C'est vraiment plate à dire, mais le temps arrange bien ce genre de chose. Les pensées envers cette amitié terminée changent dans le temps. J'ai hâte de mon côté que mes celles qui perdurent à propos de cet ami perdent de leur profondeur pour ne devenir que des bulles de nostalgie.
Avez-vous déjà surmonté une rupture amicale difficile?