La tempête est revenue dehors en même temps que dans ma tête. On s'en allait vers le printemps, pis la neige nous a rattrapés. Encore. Une tempête en avril, un coup de pelle dans 'face, au moment où on s'en attend le moins.
C'était le genre de tempête où je me serais donnée congé, mais non, l'école reste ouverte, on sait pas pourquoi. Tu pars dix ans d'avance, tu t'assures que tout est correct, mais tu restes pognée dans le bus pareil. T'es quand même en retard. Tu fais une face désolée. T'aurais dû rester couchée.
Le genre de tempête où t'as beau marcher dans n'importe quelle direction, t'as la neige qui te fait fermer les yeux, t'es pas capable d'avancer, t'es certaine que t'arriveras jamais à destination. T'as juste envie de te coucher par terre et abandonner. Mais tu sais que le vent va te glacer les os, que tu vas claquer des dents, que la neige va t'ensevelir. Ça fait que tu continues à avancer à contresens, en espérant apercevoir ton point d'arrivée au travers de la poudrerie.
C'est cette tempête-là qui est rentrée dans ma vie, avec sa noirceur à 4h et son blanc suffocant qui camoufle tout. La désorientation, le découragement, les bottes d'hiver qu'on enfile à nouveau avec une grosse envie de pleurer au bord des yeux. On faisait enfin confiance au temps qui passe, à la vie, on se permettait d'espérer le printemps, et c'est revenu.
Sauf que là, la neige est fondue dehors. Il vente encore, on n’oserait pas le coton ouaté, mais c'est long avant que mes mains gèlent vraiment. J'espère que le printemps va arriver dans ma tête en même temps que mai ; comme un coup de vent.