Vous connaissez l'expression en titre?
J’ai eu mon premier emploi vers 13 ans : camelot Publisacs. Chaque samedi matin, je recevais ma pile avec les encarts à ajouter à chacun. À l'époque, il y avait parfois des échantillons à y joindre et la récompense suprême, c’était de garder ceux en extra. Des juliennes hickory au bacon et du jus en jello (vous souvenez-vous de ça?), j’en ai eu pendant des semaines.
Assembler et distribuer mon lourd chargement me prenait une couple d’heures et si je me souviens bien, je sacrifiais une bonne partie de mon précieux samedi contre un gros 15 $ par semaine.
J’avais TELLEMENT honte de faire ça. J’aurais juste voulu recevoir de l’argent gratis, comme ce que j’imaginais être la situation de mes amies. Pas passer des Publisacs à la pluie et au frette.
Un jour que je me plaignais sûrement de ma dure vie, un oncle, vaillant travailleur du département de la boulangerie d’un supermarché, m’a dit ces sages paroles : « il n'y a pas de sots métiers, il n'y a que de sottes gens ». À ce moment-là, ça m'est rentré dans une oreille et ressorti par l'autre.
Retour dans le présent.
Aujourd’hui, j’ai une job dont je ne suis pas fière – en toute honnêteté, ces temps-ci elle me gêne. Elle n’a rien de particulièrement terrible, c’est mon orgueil qui a honte et qui la discrédite, pour son apparente simplicité et le statut social que j’y associe. Je me pense apparemment supérieure à ce que je fais comme travail, vous voyez? Plutôt snob de ma part. Et donc, j’en tire la conclusion que mon entourage (incluant mes collègues) méprise également ce que je fais. Faut se le dire, c'est moi la pire dans ce raisonnement…
Je sais ben, et vous le savez aussi, que certaines professions sont plus valorisées que d’autres. Que quelques-unes revêtent davantage de prestige et, à la limite, une supériorité. Que le « statut social » est facilement fonction du travail qu’on exerce. D’ailleurs, juste le mot « profession » sonne plus précieux que juste « travail ».
Ma job à moi, elle est pas précieuse. Ça ne la rend pas moins utile, par contre. Elle ne sauve pas de vies, mais elle en dépanne en ta’.
À cause de mon propre malaise, je suis plus sensible à ce que j’entends et ça me permet de constater que les commentaires qui dénigrent ou dévalorisent certaines jobs sont courants. Comme si les humains qui ont le malheur de « s’abaisser à de telles tâches » valent moins. Comme s’il y avait de sots métiers, justement, plutôt que juste de snobs gens.
Ces jours-ci, ça me challenge vraiment de réfléchir à tout ça. Je me remets en question sur la valeur que j’attribue au prestige et au statut des gens, sur la couleur que mon ego donne à ma vision d’un travail « dont j’ai de quoi être fière ». Est-ce que je vais laisser un titre me définir ou me limiter?
Je suis probablement sotte de cracher sur un métier pas sot dans lequel je suis plutôt bonne et qui me permet de m’offrir bien plus que le nécessaire. Sotte aussi d’attacher la moindre importance à l’opinion de quiconque oserait juger mon emploi et le « statut social » que j’en retire – selon lui – parce que clairement, cet humain a certaines valeurs que je refuse de cultiver.
Plus facile à dire qu’à vivre avec assurance, en vrai.
Que ressentez-vous face à votre emploi et à l’opinion des autres sur celui-ci?