Si la pilule est utilisée depuis près de 60 ans au Canada, c’est encore aujourd’hui la femme qui porte la responsabilité contraceptive. Certes, l’homme peut avoir recours au condom et à la vasectomie, mais, entendons-nous, la majorité des moyens fiables et efficaces à long terme sollicitent la femme, qu’on parle de comprimés hormonaux, de stérilet ou encore d’anneau vaginal.
Pourtant, les recherches en matière de contraception masculine sont en cours depuis les années 70 et les chercheurs affirment que d’ici une dizaine d’années, les hommes pourront prendre la pilule à leur tour. Il faut tout de même savoir qu’en 2000, l’Association des obstétriciens-gynécologues du Québec prévoyait la mise en marché d’un contraceptif masculin d’ici cinq à sept ans. Alors, croisons-nous les doigts pour que cette fois-ci soit la bonne.
Des complications
Ce qui rend la confection d’une pilule hormonale si compliquée pour la gente masculine repose en grande partie sur les différences biologiques entre les hommes et les femmes. En effet, chez l’homme, la fabrication de spermatozoïdes est continuelle, alors que la femme produit un ovule par mois. Le produit contraceptif doit ainsi freîner plus d’un milion de spermatozoïdes en même temps.
Par ailleurs, la testostérone contenue dans la pilule hormonale serait rapidement éliminée par le corps, de sorte qu’il faudrait en prendre plusieurs par jour pour en assurer l’efficacité. Les études sur le sujet abordent également les effets secondaires observés lors de la prise de comprimés comme un obstacle à celle-ci. Mais lorsqu’on s’attarde auxdits effets, on réalise qu’ils sont plus ou moins les mêmes que ceux reconnus chez les femmes : « acné, augmentation du poids corporel, effets sur l’humeur, diminution de la libido, diminution du bon cholestérol, diminution des concentrations d’hémoglobine, réduction de la sensibilité à l’insuline et augmentation des marqueurs inflammatoires. »
Si on attend la méthode parfaite pour que les hommes puissent jouer un rôle plus actif dans la contraception, on risque d’attendre longtemps. Sans oublier que des témoignages de femmes qui souffrent elles aussi de conséquences indésirables liées à leur contraceptif ne cessent de sortir dans les médias.
En 2016, une étude française a démontré que le contraceptif injectable, capable de bloquer la production des spermatozoïdes, aurait un taux d’efficacité de 96% chez les hommes. Mais, encore une fois, il apporterait un lot d’effets secondaires trop préoccupants.
En attendant
D’ici la commercialisation d’un moyen sûr pour les hommes, la vasectomie, qui consiste à couper les deux canaux déférents reliant les testicules au pénis, est une solution possible, même si certains professionnels suggèrent de la jumeler avec un autre moyen de contraception. Plus controversée, la vasovasectomie est une chirurgie qui permet de rétablir la connexion des canaux déférents via deux incisions dans le scrotum et ainsi rendre la stérilisation réversible. Mais bien qu’elle soit disponible au Québec, elle ne garantit pas à 100% la restauration de la fertilité.