Je suis fatiguée.
C’est que je mène un combat de front avec un ennemi féroce. Je me bats contre mes propres pensées. C’est une longue bataille qui a commencé quand j’étais toute petite. J’avais des peurs… Des peurs irrationnelles et envahissantes qui m’empêchaient de dormir. J’avais peur des voleurs, des kidnapings, des ours et de tant d’autres choses. Ces peurs envahissaient mon esprit et m’empêchaient de fonctionner dans ma vie d’enfant.
À l’adolescence, ces peurs se sont transformées. Durant mes cours, ma tête dégringolait dans une spirale. J’avais peur que mes amies ne m’aiment plus et m’abandonnent, peur d’avoir le cancer, peur d’échouer mes examens que l’école m’expulse. J’étais consciente que ces pensées étaient irrationnelles, mais je n’étais pas capable de les empêcher d’envahir ma tête. Je ne dormais plus. Je ne vivais plus. Les pensées anxieuses occupaient presque tout mon temps de réflexion. Je suis allée voir un psychiatre et j’ai le diagnostic : trouble anxieux généralisé et trouble panique avec agoraphobie.
10 ans plus tard, le diagnostic m’a aidé à comprendre ma tête. J’ai beaucoup travaillé sur moi et sur comment gérer mes pensées. Je croyais qu’après toutes ces années, je serais guérie. Plus jamais anxieuse.
La vie ne fonctionne pas en absolu. Malgré toute la thérapie, malgré mes 10 années d’antidépresseurs, les pensées anxieuses continuent d’entrer dans ma tête sans crier gare. J’ai des pensées qui m’envahissent. J’ai des trucs. Je sais qu’elles sont fausses et que je ne devrais pas y accorder de l’attention. C’est plus fort que moi. Ma tête craint toujours le pire.
« Et si la petite boule en dessous de mes aisselles était une tumeur? »
« Et si mon amie était fâchée contre moi et allait dire à tout le monde que je suis pas une bonne personne? »
« Et si je faisais une dépression, est-ce que je devrais m’endetter et ultimement déclarer faillite? »
Je peux passer plusieurs journées avec une pensée anxieuse en trame de fond. Personne ne remarque. Je vis, je ris, je travaille avec l’anxiété. Lorsqu’une pensée anxieuse quitte ma tête, une autre prend sa place et c’est reparti pour un tour.
C’est épuisant.
J’aimerais être capable de parler davantage des pensées qui m’aspirent dans l’anxiété. J’aimerais ne pas vouloir avoir l’air forte et en contrôle devant les gens. J’essaie de me laisser le droit d’être vulnérable. Je sais qu’en détabouisant mes pensées anxieuses, elles finiront par prendre de moins en moins de place dans ma tête.
Je crois que je serai toujours anxieuse. Ça fait partie de moi, de ma personnalité. Pa contre, je veux réussir à m’épanouir en périphérie. Ne plus laisser les pensées prendre toute la place.
J’ai réussi à sortir mes pensées de ma tête, à les écrire ici.
Je suis fatiguée, mais fière.