Il y a quelques jours, j’ai visionné une partie du documentaire « L’amour au temps du numérique », diffusé pour la première fois en 2015 sur les ondes de Télé-Québec.
La réalisatrice, Sophie Lambert, a suivi des jeunes adultes durant plusieurs mois afin d’observer le phénomène des rencontres amoureuses sur les diverses applications et plateformes Internet disponibles.
Dans le documentaire, on entend Mme Lambert poser des questions aux 6 jeunes sélectionné.e.s. Elle leur demande ce qu’ils recherchent en faisant de telles démarches, ce qui est acceptable pour eux et ce qui ne l’est pas, ce à quoi ils s’attendent des personnes qu’ils rencontrent pour une « date », etc.
Bien qu’il soit normal d’avoir des attentes envers les personnes que l’on rencontre dans le but d’une possible relation amoureuse, je dois avouer avoir été outrée par les réponses de certains. En fait, il faut faire la différence entre les attentes et les standards.
Lorsque l’on parle d’attentes, je pense aux limites personnelles que l’on définit avant de rencontrer quelqu’un, voire même avant de se lancer dans un processus de rencontre. Pour certains, le fait d’être toujours en retard, par exemple, est inacceptable. Pour cette raison, après une discussion sur les réseaux sociaux avec la personne et la décision commune de se rencontrer, impliquant forcément un certain intérêt de chacune des parties, je juge normal que l’individu qui déteste les retards s’attende à ce que sa « date » soit à l’heure. Bien qu’ils ne se connaissent pas encore beaucoup, ils ont eu l’occasion de se parler, plus ou moins longtemps, via Internet et donc ils ont jugé l’autre personne relativement intéressante selon leurs limites personnelles.
Or, dans l’émission, il y a souvent eu la mention de standards, se basant notamment sur des normes sociétales. On définissait là ce qui est globalement acceptable et ce qui ne l’est pas en ne tenant pas compte du fait que tout le monde est différent et n’aime pas les mêmes choses, bref en excluant la diversité.
À titre d’exemple, un jeune homme a dit de manière catégorique et méprisante qu’une fille avec du poil, « c’est ciao ». Non seulement la façon d’énoncer sa préférence frise la généralisation et aurait certainement pu être communiquée avec plus de tact et de respect, mais elle envoie le message qu’il est honteux de ne pas s’épiler alors que c’est un CHOIX.
Enfin, visionner « L’amour au temps du numérique » m’a fait réaliser à quel point la standardisation est encore bel et bien présente dans le domaine de la séduction, et ce, même chez des jeunes adultes qui se disent ouverts à la différence et la diversité. Parce que la mise en place de standards dans le processus de séduction (et pire, la diffusion de ceux-ci sur Internet) entraîne nécessairement une certaine discrimination ainsi qu’une forme de « shaming » de tous ceux et celles qui ne se conforment pas auxdites normes.
Ne pas être raciste, accepter la communauté LGBTQ+, lutter pour les droits des femmes… C’est bien, tout cela, mais peut-on se dire ouverts d’esprit si l’on s’entête à établir ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas au sein de la population lorsque vient le temps de séduire? Avoir des attentes personnelles est tout à fait sain et normal, mais est-ce une raison pour généraliser celles-ci et en faire des standards sociétaux?