Il fut un temps où j’étais souvent invitée dans des partys même si je n’y allais pas tout le temps. J’étais toujours étonnée de me faire inviter par plusieurs groupes aussi différents. Je dois avouer que je m’intéresse beaucoup aux gens et que j’ai la conversation facile. Je pourrais devenir amie avec un sac de patates si je le pouvais. Bien sûr dans ce temps-là, j’allais à l’école, j’étais impliquée dans toutes sortes de comités et de projets, ça aide.
Au cours des trois dernières années, j’ai remarqué que c’était parfois plus difficile pour moi de me faire de nouveaux amis. Dans le sens de rencontrer des gens avec qui tu parles des vraies affaires de la vie. Et c’est comme si mon intérêt pour faire des efforts supplémentaires avait du même coup diminué. Comme si j’avais laissé tomber la balle.
C’est drôle parce qu’une partie de moi se dit que je n'ai vraiment pas besoin de nouveaux amis, que Netflix me semble plus intéressant qu’un bar bondé de monde. Une autre partie de moi attribue ça à l'âge.
Vous souvenez-vous de MSN, au début du web, du temps de l’ADSL? Moi je m’en souviens, je pouvais chatter pendant des heures avec des amies que je venais tout juste de quitter. Ce qui est paradoxal aujourd’hui est qu’on a parfois bien du mal à discuter face à face avec quelqu’un avec qui on parle si aisément en ligne ou qu’on croise même tous les jours au détour de la machine à café. Est-ce que cette habileté sociale se serait perdue sur l’autoroute de l’Internet haute vitesse?
Enfant, j’entendais souvent dire que c’était plus difficile de se faire des amis rendu à l'âge adulte. Peut-être que c’est simplement le manque d’occasions.
Personnellement, les occasions ne manquent pas. J’en ai peut-être moins. Par contre, je dirais plutôt que je n’ai pas toujours la tête à ça et je pense que ça se ressent. J’ai une fâcheuse tendance à fixer mon attention sur un truc qui me dérange au lieu d’être dans le moment présent. Ou à simplement scroller infiniment sur mon écran. Je pense aussi que ce qui a beaucoup changé, c’est un peu cette part de naïveté alors que je réalise que mes relations semblent de plus en plus compartimentées. Ce n’est pas une mauvaise chose, juste un constat. Je crois que ça a toujours été comme ça, seulement je le réalise d’autant plus aujourd’hui alors que mon temps est lui aussi très fragmenté et rare.
Il y a aussi quelque chose qui me bogue aussi… C’est qu’on semble moins patients à développer de nouveaux rapports ou à engager de nouvelles conversations. Aussitôt qu’il y a un temps mort, on sort son téléphone de sa cachette. C’est comme si le silence rendait de plus en plus de gens mal à l’aise. Est-ce que certains d’entre nous sont devenus plus socially awkward à cause d’Internet? On ne laisse plus le temps à la conversation de trouver son rythme sans que ce soit un show de stand-up à tout prix. Il faut plaire, être drôle toujours « on » pour éviter de perdre l’attention de son « auditoire ». Ça en devient un peu épuisant et c’est peut-être plus simple d’être plate.
Je pensais à tout ça dernièrement parce que je me demandais si je devais faire un peu plus d’effort et mettre mon cell de côté par exemple et m’engager dans les discussions qui prennent place autour de moi ou s’il fallait me rendre à l’évidence que je devenais juste plate? Et si c’est le cas, est-ce que je suis OK avec ça?
Sommes-nous victimes des réseaux comme le chante si bien Angèle?