La semaine dernière, le documentaire Apprenti Autiste a été diffusé sur les ondes de Télé Québec. Un documentaire qui porte très bien son nom, puisqu’il dépeint plusieurs éléments clefs de compréhension dans ce trouble au spectre immense et encore trop méconnu.
Louis T., l’humoriste mis en avant-plan dans le documentaire, part à la conquête des connaissances en autisme dans le but de mieux comprendre ce que ça veut dire « être dans le spectre ».
Même si Louis T. s’avère être au niveau très fonctionnel d’autisme (ou Asperger), on comprend bien comment il peut se sentir complètement inconnu aux êtres humains hautement relationnels que sont les neurotypiques. Effectivement, le paradoxe d’être de haut niveau et avoir tant de difficulté à faire des choses si simples est exposé dans le documentaire. D'ailleurs, le haut niveau peut souvent masquer les difficultés, ce qui fait qu'une personne obtient le diagnostic si tard. Attendre à 34 ans comme c'est le cas de l'humoriste pour obtenir des réponses à ses questions, c'est long en sapristi!
Ce qui a de bien avec ce documentaire, c’est que ça démystifie bien l’autisme pour quelqu’un qui n’y connaît rien. Ça permet aussi de traiter de la question de la génétique, des différences cérébrales et avancées en recherche, du travail nécessaire que font les intervenants de l’équipe de Laurent Mottron auprès des enfants autistes, de la comorbidité et de l’importance de s’attarder à la santé mentale, des différents niveaux de sévérité et des organismes qui œuvrent à aider ces personnes. Le documentaire permet aussi d’aborder la question d’une éventuelle « guérison », en se questionnant sur le fait qu’il s’agit d’une façon différente de fonctionner (avec sa montagne de défis quotidiens) plutôt que d’une maladie qu’il faut à tout prix éradiquer.
Il est certain que ni Louis T. ni les personnes autistes présentées dans le documentaire ne représentent tout le spectre. En effet, tel qu’illustré dans le documentaire, les niveaux de sévérité pourraient être représentés par trois parts d’un pain de viande coupées très maladroitement et grossièrement avec le poing… Ça ne donne pas un portrait très juste et nuancé de la situation. Ainsi, je crois qu’il aurait été intéressant de montrer davantage de visages de l’autisme, mais il aurait fallu bien plus qu’une heure! En fait, pour parler d’un trouble aussi complexe, une série de plusieurs documentaires n’aurait pas été de trop.
Ça aurait peut-être permis d’aborder la question des femmes qui vivent avec le syndrome d’Asperger et dont on ne parle à peu près pas. Peut-être que ça aurait permis aussi d’aborder la question de l’hypersensibilité plus en détail, notamment quant aux émotions. J’ai eu la vague impression qu’on montrait les personnes autistes comme des gens qui ne vivent pas d’émotions, alors que parfois c’est plus compliqué que ça.
Une des choses qui m’a le plus marquée est le niveau de détresse vécu par les personnes autistes versus le manque de ressources pour les aider. Effectivement, on parle de 66% des personnes qui ont des idées suicidaires. C’est énorme! Dans l’entrevue des Francs Tireurs qui était présentée juste après le documentaire, les trois mères interviewées notent à quel point il n’y a pas de services pour venir en aide aux personnes autistes et à leur famille. En pleine connaissance de cette statistique alarmante, je trouve ça complètement insensé et insensible. On parle aussi d’un taux de chômage d’environ 40%, comme si ces gens n’étaient pas bienvenus parmi nous…
À la fin du documentaire, Louis T. affirme que ce processus ne lui a pas permis de devenir meilleur autiste, mais plutôt un meilleur humain. Du côté des neurotypiques, je pense qu’il y a un cheminement à faire pour s’ouvrir à la différence et cheminer vers devenir, à leur tour, de meilleurs humains.
Avez-vous vu le documentaire? Qu’en avez-vous pensé?