Je ne sais pas vous, mais moi j’ai débuté janvier 2019 avec une drive nouvelle. Ce n’est pas tant que je suis une fille de résolutions, parce que je n’y crois pas. Je crois plutôt aux buts, aux projets tangibles et réalistes. Et je crois que 2018 m’a laissé beaucoup de choses qui, pour moi, devaient changer en 2019, que je le veuille ou non.
Je milite pour la diversité corporelle depuis tellement longtemps, mais même une militante acharnée pour cette cause n’est pas sans failles. C’est encore très difficile pour moi d’appliquer à ma propre vie ce pour quoi je me bats. En 2018, pour des raisons un peu confuses, j’ai pris du poids. Beaucoup. À la fin 2018, tout d’un coup, la moitié de ma garde-robe ne me faisait plus. Des vêtements que j’ai achetés en octobre étaient rendus trop serrés, mes boutiques préférées n'offrent plus de vêtements dans ma grandeur. Littéralement, je n’ai plus grand-chose à me mettre sur le dos. Et mon poids m’a toujours dérangée, du plus loin que je me souvienne. Mais là, c’est assez significatif pour que je me sente obligée d'apporter des changements réels à mon mode de vie. Parce que je sais que dans mon cas, il y a certainement des habitudes que je pourrais changer. J’ai amélioré mon alimentation, je n’achète que de bonnes choses, j’ai commencé à m’entraîner, j’essaie de boire beaucoup d’eau. À date, ça se passe bien… aussi bien que ça peut se passer quand on a un trouble alimentaire. J’aimerais tellement porter autant d’amour et de respect que j’ai pour tous les corps et toutes les femmes autour de moi que pour mon propre corps, mais malheureusement, ça ne fonctionne pas toujours comme ça. Une partie de moi se sent extrêmement coupable, comme si elle avait laissé tomber cette jeune femme déterminée à changer les choses, et impassible devant les normes sociales de beauté.
En plus de mes tentatives d’améliorer mon mode de vie, j’ai ciblé diverses problématiques chez moi qu’il fallait, selon moi, régler.
J’avais une entrevue professionnelle pour un projet important il y a de cela quelques jours. Je stressais tellement que j’ai changé d’outfit des dizaines de fois, la veille je pleurais en sous-vêtements, à ça d’abandonner et de ne juste pas me présenter. Le stress m’a rendue pas endurable, et a même entraîné de nouveaux amis dans ma face, bien sûr, la veille de l’entrevue. Je me suis rendu compte que le stress, je ne gère peut-être pas ça si bien que ça.
Je suis à l’université, et même si je m’en suis bien sortie à la session dernière, j’ai toujours trouvé que j’avais une méthode de travail douteuse. Je regarde tous mes collègues, motivés, organisés, réguliers, méthodiques, et je regarde ce que je fais et les efforts que je mets… et je n’arrive pas à être aussi à mon affaire qu’eux. Ça aussi, ça me stresse. Je veux faire mieux.
On m’a souvent fait remarquer dans les derniers mois que je pouvais être intolérante ou bête avec les gens. Pas tous, je crois qu’en règle générale je suis assez sympathique. Mais parfois, on me reprochait subtilement mon ton sec ou ma face qui en disait long sur ce que je pensais. Ou on soulignait que j’étais le genre de personne avec un gros caractère, qui parlait fort, qui est capable d’être « shark » dans la vie professionnelle, ce qui m’a tellement surprise, car ce n’est pas du tout comment je me vois. On me peignait un tableau de moi-même que je trouvais peu flatteur.
Finalement, je m’en voulais d’être un boulet pour mes amies, moi et mon manque de confiance légendaire, mon estime pitoyable et mon célibat très mal assumé. Je voulais changer ça, aussi.
Mais au fond, ça a juste donné qu’à date d’aujourd’hui, début février, je suis exténuée. Au final je voulais pas mal tout changer chez moi. Je me suis rendu compte qu’il m’était impossible de changer tout ça. Il m’était impossible de tout faire en même temps, et en fin de compte, tout ce que ça m’a amené, c’est une estime personnelle encore plus défaillante, me rendant compte de tout ce qui ne fonctionnait pas chez moi. À ce jour, je ne suis que plus au courant de mes faiblesses, de mes défauts, de mes problèmes. Ça ne m’a pas renforcée, au contraire. Ça m’a rendu encore plus vulnérable. À force de vouloir tout changer chez moi, j’ai perdu de vue qui je suis, ce que je vaux. J’ai surtout oublié ce qui va bien, aussi. Je ne suis forcément pas que défauts et problématiques, j’ai des qualités, des aptitudes. Mais me voilà de retour à la case départ, après tout le chemin que j’ai parcouru depuis des mois à essayer de build ma confiance et mon estime.
Parce qu’au final, vouloir tout changer, ça ne réglera rien. La nouvelle année nous amène souvent à vouloir nous revisiter, à améliorer cette version de nous-mêmes. En soi, ce n’est pas mauvais. Mais je crois que si à la place, dorénavant, on priorisait notre charge mentale et émotive, on réglerait beaucoup plus de petits problèmes qu’on le pense.