Au risque de ne pas être originale, ça fait un mois que je me suis fait diagnostiquer un TDAH et disons que depuis, c’est mon sujet de conversation préféré (désolée à mon entourage). Il me semblait donc tout naturel d’écrire sur le sujet et d’y apporter ma perspective, parce que même si je suis loin d’être la seule à recevoir un diagnostic à l’âge adulte, c’est, entre autres, grâce aux expériences des autres lues sur Internet que je suis allée chercher de l’aide. C’est en lisant ces expériences que je me suis rendu compte que peut-être que tous mes problèmes n’étaient pas reliés à ma personnalité. Que, contrairement à ce que je percevais quand j’étais enfant et ado, non, les personnes ayant un TDAH ne sont pas juste énervées ou excitées et que je partageais de nombreuses caractéristiques avec eux. En travaillant avec des élèves diagnostiqués, j’ai aussi réalisé qu’on partageait un nombre effarant de points en commun.
Ça faisait déjà quelques années que je me questionne sur trouble, mais, malgré tout, je ne consultais pas. D’abord par manque de moyens financiers, puis aussi parce que je me disais que j’avais toujours bien réussi et donc que je devais être dotée de stratégies assez efficaces pour ne pas avoir besoin d’aide. Sauf que j’ai commencé à travailler à temps plein, j’ai aussi entamé ma maîtrise et j’ai bien vite senti que rien n’allait plus, que j’évitais les tâches en me concentrant sur des niaiseries, que je perdais tous mes documents. Que je n’étais pas capable de m’organiser et de me concentrer. Parce que non, être TDAH, c’est vraiment pas juste être un peu distrait.e.
J’ai été vraiment chanceuse parce que j’ai pu profiter des assurances de mon copain pour consulter et je travaillais à temps plein. Je me suis donc fait diagnostiquer, et j’ai quand même été surprise de constater que j’avais aussi de l’hyperactivité (encore une fois, j’associais ça aux personnes énervées, alors que j’ai toujours été assez calme). Je suis vraiment contente d’avoir été diagnostiquée alors que j’étais si réticente au départ. Ça me soulage de savoir que, non, depuis le début, je ne suis pas juste une personne pas d’allure, que mon cerveau est juste fait différemment, que ce n’est pas de la paresse ou de la mauvaise foi. C’est aussi ben le fun pouvoir avoir de l’aide, j’essaie la médication en ce moment et je prends conscience de toutes les lacunes que je traîne depuis si longtemps et qu’enfin je peux faire mieux, je peux vivre mieux. Je peux aussi bénéficier d’aides financières pour mes études, mais aussi avoir davantage de temps pour compléter ces études.
J’en apprends tous les jours sur mon trouble et je trouve ça capoté de mieux comprendre tellement de choses. Alors, oui, je suis un peu gossante et je justifie beaucoup de mes actions avec ça, mais pas pour me donner des excuses. Je veux juste faire prendre conscience aux gens que ces difficultés-là sont hors de ma portée et de mon contrôle. Que je sais désormais pourquoi et que je vais tenter d’y remédier, mais que ce ne sera jamais aussi facile pour moi, et ce, pas par mauvaise foi. Et que ça fait très longtemps que je les porte sur mes épaules.
Enfin, même si je suis vraiment heureuse de m’être fait diagnostiquer, certaines choses autour de ça me rendent un peu amère. Ça m’énerve de me faire remettre en question sur une difficulté que je vis sous prétexte que « tout le monde est TDAH ». C’est environ 5% de la population qui l’est, donc c’est normal d’en connaître plusieurs. Ça m’énerve aussi de me faire dire par des gens qu’eux aussi vivent certains de mes symptômes, quand c’est dit dans l’optique de diminuer l’ampleur de mon trouble, c’est certain que tout le monde a certains symptômes du TDAH. Mais pour en être atteint, il faut en avoir plusieurs et que ceux-ci soient présents au quotidien, d’où l’impact négatif sur nos vies. Je me considère extrêmement chanceuse d’être – somme toute – fonctionnelle malgré tout et d’avoir toujours eu une certaine facilité à l’école, je sais que pour plusieurs personnes, c’est vraiment pas facile.
J’ai l’impression que souvent, quand il est question de troubles de toutes sortes, on se focalise sur les personnes atteintes, mais fonctionnelles et on les prend en point de référence pour montrer qu’au fond, c’est pas si pire et que si ce n’est pas une limite pour eux, ça ne devrait pas l’être pour qui que ce soit. Sauf que ça ne marche pas comme ça. Si je réussis bien et que je suis fonctionnelle, c’est par chance plutôt que par mérite et il ne faut pas croire que c’est la norme et que c’est possible et facile pour chaque personne atteinte d’un TDAH.