Pour moi qui habite seule dans une autre ville, à l’approche du temps des fêtes s’accroît le besoin d’être avec les miens. J’ai la chance d’avoir une famille nombreuse et qu’on soit tissés serrés. Avec une dynamique pratiquement monoparentale, c’était notre mère qui était, depuis trois décennies et des poussières, le pilier qui faisait tenir tout ça debout.
Comme nos parents étaient séparés, nous avions deux « partys » pour chaque fête. L’entrée dans cette période fait toujours resurgir chez moi toutes sortes de sentiments, de souvenirs et d’anticipations, mais cette année la recette de ce mélange d’états d’âme est différente. Notre père nous a quittés brutalement à la fin de l’été, juste avant son propre anniversaire. J’aborde ainsi l’aube de l’hiver et ce temps qui représente normalement pour moi magie, réjouissances et chaleur humaine avec une confusion et une mélancolie que je n’ai jamais connues.
Ce sera notre premier Noël uniquement avec notre mère.
Comme c’était déjà un stress considérable de gérer seule un ménage, cinq enfants, des dettes, un travail à temps plein pour faire vivre la maisonnée, la charge mentale incombée à de telles responsabilités ainsi qu’une santé mentale à risque, je vous laisse imaginer le poids immense que la disparition du père de quatre de ses enfants, les démarches posthumes et la gestion de SES dettes et biens a ajouté sur ses épaules, si peu de temps avant le temps des Fêtes qui est déjà stressant sur plein d'aspects.
De plus, ma mère, c'est une personne qui a toujours donné sans compter, au travail dans le domaine social comme dans la vie privée, et souvent, si ce n’est pas tout le temps au détriment de ses propres intérêts. La portion de sa vie d’où je la connais, soit mes 23 années, je l’ai comprise comme une personne qui a toujours fait passer les autres – particulièrement ses enfants – devant ses propres besoins. C’est une succession de sacrifices inestimables sans rien attendre en retour, à s’en oublier parfois, encore aujourd’hui.
Même si c’est une belle et noble qualité, elle brûlait ainsi la chandelle par les deux bouts et c’était malsain pour elle. Depuis un certain temps, je la regarde avec bonheur réaliser et appliquer l’importance de se mettre soi-même à l’avant-plan, n’en déplaise aux enfants parfois ingrats et autres personnes trop à l’aise avec son dévouement qui leur était indu anyway. Elle recommence à penser à elle en dehors de son rôle de mère, à avoir des rêves et des projets à elle, à être curieuse et proactive. Elle m’inspire et j’ai hâte d’embarquer avec elle dans ses belles idées. Je suis tellement fière d’elle. Son adoption du self care est d'autant plus importante dans un contexte aussi difficile que celui-ci.
Ce sera un temps des fêtes intime, au ralenti et dans la simplicité, où on prendra le temps de solidifier le noyau familial dans le care et la guérison. J’ai hâte de serrer ma mère dans mes bras.
Comment sera votre temps des Fêtes?