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« N’essuie jamais de larmes sans gants » : Rarement un livre m’a autant touchée
Crédit: Kelly Sikkema/Unsplash

Lorsque je suis allée récupérer à la bibliothèque N’essuie jamais de larmes sans gants, livre que j’avais réservé depuis quelques temps déjà, je ne me doutais pas que j’étais sur le point de commencer une lecture aussi touchante et intense. J’ai beaucoup pleuré, c’est très rare quand je lis, et j’ai aimé ça!

Les personnages principaux sont de jeunes homosexuels. On découvre tour à tour leur passé à travers le récit. Ils ont chacun une histoire touchante bien à eux à travers laquelle ils prennent conscience de leur homosexualité, ont leurs premières relations sexuelles et, pour quelques-uns, font leur coming out.

On le comprend bien vite dans le roman : la société du début des années 80 est encore dans son ensemble très intolérante vis-à-vis des homosexuel.le.s. J’ai d’ailleurs eu un choc en apprenant que l’homosexualité était considérée comme une maladie mentale à la fin des années 70 en Suède (il se trouve que l’auteur Jonas Gardell est suédois et que le roman de déroule à Stockholm).

Le début des années 80, c’est aussi l’apparition du sida, sujet central du roman.

Et c’est là que je trouve le livre extrêmement bien fait. Il est entraînant : on est au cœur d’une bande d’amis qui partagent leurs hauts et leurs bas, se serrent les coudes, commentent l’actualité, sortent, font la fête, célèbrent la vie, mais aussi subissent les humiliations, la maladie (faute de traitements, et parfois faute de personnel médical compétent) et rendent hommage aux amis morts.
En même temps, l’auteur s’appuie sur de solides recherches (titres de journaux, extraits d’articles, déclarations de personnages politiques – principalement en Suède) pour expliquer le contexte d’hostilité dans lequel évoluent ses personnages. Car c’est bel et bien de l’hostilité et elle va prendre une dimension effrayante voire haineuse avec l’arrivée du sida. Il y consacre bien des passages sans que cela freine le récit; c’est un des éléments qui m’a bouleversée lors de ma lecture.

Malgré toutes ses recherches, on est loin d'un style documentaire ennuyant. Il ose un vocabulaire cru pour décrire ses personnages mais aussi leur sexualité. Et il nous confronte parfois à des scènes dérangeantes à travers lesquels ces derniers s’épanouissent ou cherchent à oublier/s’oublier.  Il utilise également des images poétiques fortes, le titre du roman en est une illustration.

Il y a aussi de belles histoires d’amour, d'amitié, de solidarité et de l’humanité. Il y a la tristesse et le désarroi suite à la mort de l’être aimé. Il y a le manque de la famille qui exclut. Il y a la peur de la maladie, de la mort… Les émotions inspirées par ce livre me semblent infinies en plus d’être intenses.

Définitivement une lecture que je recommande si vous aimez les récits intenses et bouleversants qui viennent vous chercher et vous secouent.

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