J’ai eu la chance, comme Claudèle, d’habiter seule plusieurs années. J’avais un beau grand 4 et demi à dix minutes du métro que j’avais tout juste les moyens de me payer avec mon salaire, mais encore j’étais bien capable.
Mon déménagement m’a fait réaliser à quel point c’est un privilège d’habiter une ville où les loyers sont encore abordables, malgré les qu’en-dira-t-on. J’ai choisi de déménager à Vancouver, consciente que mon confort matériel allait grandement diminuer. Ici, pour plus cher que mon appartement à Montréal, je peux me payer une chambre dans une maison de 10 chambres ou dans un appartement au sous-sol quelque part en banlieue. Et ne pensez même pas à la laveuse-sécheuse! Je n’aurais jamais pensé qu’avoir mon vieil ensemble laveuse-sécheuse qui faisait trembler le bloc en entier était un luxe, jusqu’à ce que je me retrouve à déménager mon linge sale dans mon nouvel appartement dans un backpack et qu’un commis dans un laundromat critique mes choix de cycle de lavage (on va s’entendre ici, l’eau froide et le cycle délicat, ça garde vos vêtements plus beaux plus longtemps, c’est pas juste pour les chandails de laine!)
J’en jase parce que pour moi, c’est un choix. Je reviens à Montréal quand je veux, j’y ai ma famille, mes amis, un emploi et un toit sur la tête en claquant des doigts. Dans mon entourage, ici, j’ai des gens plus âgés qui s’inquiètent. Parce que leurs enfants n’ont pas les moyens de se payer un appartement ou une maison ici. Parce qu’ils devront fort probablement s’exhiler pour fonder une famille. Bref, parce que l’accès au logement est trop difficile. Et ça me fait réaliser à quel point cet accès est un privilège qui varie selon les sociétés. Selon le salaire médian et selon le prix des logements, selon la tradition familiale et selon beaucoup d’autres facteurs. Ainsi, il est normal qu’une maison en Bolivie soit dans mes moyens financiers. Sauf qu’une fois en Bolivie, vais-je retrouver un salaire similaire? La même problématique se pose ici alors que mon salaire est le même mais que je me trouve incapable de retrouver mon confort montréalais.
Je propose donc d’y réfléchir à deux fois avant de mentionner que les loyers sont si abordables dans telle ou telle ville. Remettez tout en perspective et demandez-vous si les jeunes adultes ont accès à la propriété, ou au moins au logement!