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Études finies : j’attends toujours l’emploi de mes rêves
Crédit: Anthony Tran/Unsplash

J'ai fini l'école en mai. Ça signifie vingt ans. Vingt ans à vivre au fil des cours magistraux, des travaux, de l'étude, des pauses, des différentes sessions, des conversations entre ami.e.s ou avec les professeur.e.s. Vingt ans à attendre les vacances pour souffler un peu, la vie sans avoir le temps de réfléchir, sans voir les saisons passer, sans trop se poser de questions à part « vais-je avoir le temps? » Plusieurs années à travailler à l'épicerie les soirs et la fin de semaine, en se raccrochant au fait que c'était « pas pour vrai », que c'était pas pour toujours, que ça allait finir. Vingt ans à avoir toujours un but, un objectif : réussir mes cours. Passer au travers. Se rendre encore plus loin. Et là, tout ça, tout ce que j'ai toujours connu, c'est terminé.

Ça donne le vertige.

J'ai passé un dernier été de pauvreté extrême, à travailler encore et toujours à ma maison des jeunes. Puis, je me suis dit que c'était ben beau aimer ma job, mais que les conditions étaient vraiment pas idéales, que je la connaissais par coeur, et que surtout, je m'imaginais ailleurs quand j'étais dans ma technique. Relevant mes manches, je me suis donc mise à me chercher (assez sporadiquement, je l'avoue) un nouvel emploi. 

Finalement, ce nouvel emploi m'est tombé dessus par l'entremise de ma meilleure amie. À l'école primaire où elle travaillait, ils cherchaient une éducatrice au service de garde. « HAHAHA! », me suis-je exclamée. « Moi dans un service de garde, elle est bonne ta blague. » Le lendemain, j'étais pourtant engagée, et le surlendemain, c'était la rentrée et je me lançais. Les conditions étaient parfaites : 25h/semaine, un bon salaire, je ne me lèverais jamais aux aurores, et je terminais pile à temps pour pouvoir me rendre à la maison des jeunes à l'heure.

Et voilà, depuis trois mois, c'est ma vie. Je me lève chaque jour à la même heure, je travaille à l'école, puis à la maison des jeunes, et je rentre à la maison. Et ça recommence. Et j'attends. J'attends quoi, au juste? Qu'un autre emploi me tombe dessus? Que ce soit celui de mes rêves, cette fois-ci? Je sais bien que ça n'arrivera pas.

Je n'aime pas les enfants. Je les trouve inintéressants et prévisibles. Je n'aime pas passer de longues heures dehors immobile. Je trouve le travail routinier. Je ne me sens pas stimulée intellectuellement. Je n'ai pas étudié en intervention en délinquance pour faire du service de garde, ça c'est sûr. Alors, qu'est-ce qui m'empêche de me trouver autre chose? Le salaire, mes fins de semaine libres, le fait que je suis appréciée là-bas, que pour une fois, j'ai une stabilité. Je souffle. J'ai le temps de faire autre chose, comme travailler sur mes photos et mes textes. Et à la maison des jeunes, je côtoie des ados, qui sont ma clientèle de prédilection.

Mais il y a peut-être autre chose. La peur de m'essayer pour un emploi que je veux vraiment, et de me faire dire non. La peur aussi de me faire dire oui, mais de détester cela finalement, ou de ne pas être à la hauteur. La peur de mourir de faim parce que j'ai choisi la passion mais le salaire ridicule, la peur de travailler de nuit la fin de semaine, la peur de ci, la peur de ça …

Alors, pour l'instant, j'attends. 

 

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