Je suis dans ma chambre d’université, dans mon petit cocon à moi. Il fait noir, j’ai les cheveux mouillés et l’esprit dans les vapes. Mon ventre crie famine, les pensées intrusives se font la guerre dans ma tête et j’écris.
Mais à quoi bon, après tout? À quoi bon faire valser mes doigts sur mon clavier alors que de toute manière, mes mots ne serviront à rien? Ils ne sont ni inspirants ni poétiques. Ils sont exempts de sens et de motivation, vidés des étincelles pour lesquelles on connaît mon écriture.
En septembre passé, je suis retournée aux études après une année de pause pour raison médicale. En fait, j’ai passé une année en traitements à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas (#ByeByeTabous). Cela faisait déjà 2 sessions que je faisais différer et j’avais sincèrement très hâte d’enfin étudier ce qui me passionne (à savoir, la psychologie). C’était un grand saut, mon équipe de traitements et moi en étions bien conscients. Toutefois, il fallait faire bouger les choses, essayer d’emprunter un chemin nouveau. Qui sait, peut-être est-ce que cela me permettrait de me concentrer sur mes passions et ainsi, la maladie prendrait moins de place?
Or, me voilà, ce soir comme plusieurs autres soirées, emmitouflée dans mes mille couvertures à me demander si je devrais prendre ma médication pour dormir : « si je ne m’endors pas, demain n’arrivera jamais! »
Alors j’écris, d’une plume qui me paraît étrangère. À qui appartient-elle : à la dépression? À l’Anna-Maude malade et fatiguée? Ou est-ce la mienne, car je ne suis que celle que je refuse d’accepter : une jeune femme dépouillée de sa lumière par la maladie mentale. Je ne le sais point.
Comme j’ignore combien de « demains » se succéderont avant que je puisse enfin publier l’article auquel je rêve déjà : le requiem d’une période sombre.
D’ici là, je vais laisser Mozart m’inspirer.