Aller au contenu
33 ans, mais toujours un peu 14 dans le fond
Crédit: samedi.fleuri/Instagram

Quand on parle d’un sujet sensible, de fesses sur Internet, de chirurgie esthétique, de diversité corporelle, de victimes d’agressions sexuelles qu’on fait semblant d’entendre, d’intimidation, de distribution de photographies pornographiques via texto, j’essaie toujours de me mettre à la place d’une adolescente.
 
Je me demande : « Si j’avais vu, lu, entendu ça quand j’avais 13-14 ans, comment je me serais sentie? Ça m’aurait fait quoi? »
 
C’est très souvent là que je trouve les racines de mes opinions, l’éventail de mes arguments. Parce qu’on va se le dire, c’est à cette période qu’on se construit, au même moment où notre identité est faite de papier calque.
Celui qu’on place par-dessus l’autre, pour tracer la même chose.
Et c’est souvent ça qu’on veut, quand on est adolescente,
être pareille.
 
Aujourd’hui, c’est la journée internationale des filles. La vraie appellation, c’est la journée internationale de LA fille. Et justement, je refuse qu’il y ait juste une fille, juste un modèle à incarner, juste une personne à devenir. Alors, je vais dire DES filles, en assumant complètement que je n’utilise pas le bon terme, mais en étant absolument certaine que j’envoie le bon message.
 
Je comprends bien que certaines femmes reprennent le pouvoir sur leur corps en se mettant nue sur Internet. Je le sais que la chirurgie esthétique aide beaucoup de femmes à se sentir finalement elles-mêmes. Je suis consciente que la diversité corporelle comprend toutes les femmes, minces ou grosses.
 
Je le sais que ça vaut la peine de parler, même quand toutes les oreilles semblent sourdes. Je suis convaincue que je n’ai pas besoin d’envoyer des photos de moi, que je n’enverrais normalement pas, pour avoir l’air cool, pour me faire accepter, pour me faire aimer.
 
Mais j’ai 33 ans. J’ai eu le temps d’y penser. J’ai pris des jours pour m’aimer et trouver ma valeur.
 
Imaginez si on avait pu donner au monde, bien avant, ce que nous sommes aujourd'hui. J’ose penser qu’il serait un petit peu plus joli.
 
Les filles, la seule chose dont vous êtes obligées, c’est de vous écouter.
Peu importe de quoi il s’agit, si vous le faites contre vous, c’est le moment d’arrêter.
C’est l’heure de toucher la forme de votre corps, d’entendre la douce force de votre cœur.
Là, et juste là, sont écrites vos lois.
Les miennes, celles de votre mère, de votre meilleure amie, de vos copains, de vos préféré.e.s sur les réseaux sociaux, ne vous appartiennent pas.
Vous êtes libres, vous êtes belles, vous êtes grandes.
 
Nous, les adultes, prenons toujours le temps de nommer nos privilèges.
De dire la vérité, sans manquer une occasion de souligner notre chance.
Parce que c’est là que se confondent complexes et grosses, chirurgie et perfection, nudité et obligation, faire plaisir et consentement.
 
Nous sommes les modèles. Pas ceux que l’on calque, mais ceux dont on s’inspire.  
Nous avons la responsabilité de montrer à demain que les plus beaux bouquets sont faits de toutes sortes de fleurs.  

Plus de contenu