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J’ai 25 ans et j’ai juste un diplôme de secondaire 5
Crédit: Daniella/alittleopulent.com

Je viens d’une famille où l’éducation a toujours eu une place extrêmement importante. Loin de moi ici l’idée de critiquer mes parents, ils ont toujours été merveilleux avec moi, mais l’école a constamment fait partie de nos vies. Mes deux parents ainsi que ma sœur sont enseignant.e.s. Déjà, ça vous donne une petite idée! Contre toute attente, j’ai un parcours scolaire assez peu commun, mais je fais tranquillement pas vite la paix avec cette idée. Voici mon histoire en espérant que ça puisse aider quelques un.e.s à se sentir un peu moins seul.e.s.
 
Le primaire s’est relativement bien passé. Je me souviens que j’aimais bien aller à l’école à l’époque, mais surtout pour jouer avec mes ami.e.s (#DéjàTellementSociable). En maternelle, la prof avait dit à ma mère « Justine est très gentille et tout, mais elle botche vraiment ses travaux. » (Salut Danielle!). Alors à 5 ans, on devinait déjà un peu quel serait mon portrait d’étudiante! Le secondaire a commencé assez tranquillement, mais ça s’est vite détérioré.

J’avais finalement décidé que je n’aimais pas l’école. Je me trouvais tout le temps poche. Les maths et les sciences étaient tellement compliquées pour moi que je ne savais pas comment j’allais passer à travers cinq années. En secondaire 3, on m’a diagnostiqué un TDAH et un problème de vue.

À 14 ans, j'ai pris des médicaments et des lunettes et ça m’a un peu sorti la tête de l’eau. Grâce à des cours du soir, des parents patients et beaucoup d’efforts, j’ai graduée en 2010. J’ai ensuite décidé de m’inscrire au Cégep en sciences humaines parce que c’était la chose logique à faire pour moi. Mais mon cerveau était déjà trop fatigué et ne savait absolument plus où donner de la tête. Avec le recul  je me rends compte que j'aurais pu éviter de m'infliger ces années d’études.

De 2010 à 2018, j’ai enchaîné les sessions et les programmes comme s’il n’y avait pas de lendemain! Je me trouvais encore poche, souvent, mais au moins j’allais aux études alors c’était le plus important. J’avais tellement de préjugés sur les gens qui n’avaient qu’un secondaire 5 que je me suis moi-même aveuglée, négligeant les autres possibilités. J’ai tellement rushé aux études en sciences humaines, en cinéma, en travail social, pour n’obtenir finalement aucun diplôme dans ces domaines et pour me rendre malheureuse.

Après une épreuve que je pensais insurmontable où j’ai été renvoyée de mon stage en travail social à 2 mois de la fin de ma technique, j’ai décidé que ça suffisait l’école pour moi. Je ne dis pas que je n’y retournerai jamais, mais pour l’instant ce n’est vraiment pas dans mes options. J’ai étouffé mon côté artistique, créatif, sensible pour pouvoir avoir une job sécuritaire et même si mon petit ventre est pas mal angoissé pour mon avenir, je retrouve un aspect de moi que j’avais négligé et qui me manquait. Vous savez, on vit dans une société où les diplômes et les études sont la première chose qui définit une personne aux yeux des autres.

Pourtant je sais que je suis tellement plus! Probablement que ce sera beaucoup plus difficile de me trouver un emploi et que je devrai faire plus mes preuves, mais l’être humain, la personne, la sensibilité, les capacités passent avant tout et je souhaite sincèrement que les employeur.se.s tous domaines confondus puissent un jour lousser leur cravate et considérer ces aspects. Je tiens à préciser que je n’enlève en rien le travail acharné que nécessitent les études, justement, je l’ai expérimenté et je salue tous les gens qui le font, mais je veux aussi que les autres, ceux qui sont souvent plus marginalisés, sachent qu’ils sont valables malgré tout. 

 Je ne sais pas encore ce que je veux faire ni ce que l'avenir me réserve, mais je sais que je saurai maintenant mieux m'écouter cette fois. 

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