La semaine dernière, La Presse + faisait paraître un article sur le livre Le pouvoir des prénoms d’Anne Laure Sellier. Avec mon prénom plutôt rare et, avouons-le, souvent difficile à gérer — on m’a déjà demandé si c’était une maladie! – je me suis tout de suite sentie interpellée par le sujet et j’ai décidé de lire le livre au complet. J’y ai appris, entre autres, que notre prénom est non seulement bien souvent lié à un stéréotype généralisé, mais qu’il peut aussi avoir des conséquences importantes sur nos relations avec les autres, notre réussite et notre confiance personnelle.
Dans son livre, Anne Laure Sellier affirme, recherches sérieuses à l’appui, que nous ressemblons physiquement à notre prénom, comme si à chaque prénom étaient associées des caractéristiques distinctes. Évidemment, il ne s’agit pas de traits précis comme la couleur des cheveux ou des yeux, ceux-ci relevant surtout de la génétique. En fait, ce que l’auteure explique, c’est que la société a tendance à percevoir les Catherine, par exemple, d’une certaine façon, ce qui pousserait les Catherine à développer des traits associés à cette perception. Ça peut sembler poussé, mais lorsqu’on y pense un peu, on réalise qu’à force d’avoir côtoyé différentes personnes dans notre vie, on arrive à se faire une image mentale de ce qu’est une Catherine ou une Julie, par exemple. C’est intéressant — et plutôt complexe — de se demander, après, à quel point on ressemble à notre prénom…
L’auteure soutient aussi que les prénoms trop originaux, difficiles à prononcer ou à lire, peuvent nuire aux personnes qui les portent. En effet, après toutes ses recherches, elle a réalisé qu’une personne ayant un nom commun et facile à prononcer dans la société où elle évolue sera considérée plus positivement par les autres et aura plus de chance de réussir à entretenir des relations constructives. À cause d’un phénomène qui relève de l’inconscient, l’humain aurait du mal à s’attacher rapidement à quelqu’un dont le nom est compliqué à retenir. Et cette embûche reliée au prénom aurait un impact direct sur la confiance. Parce que c’est difficile de toujours devoir épeler son nom et le répéter ; ça peut donner l’impression que les gens ne se souviennent pas de nous où qu’ils ne nous accordent pas d’importance. Ça peut aussi rendre la définition de l’identité bien plus difficile, surtout à l’adolescence. Parce que notre identité, nous la définissons beaucoup par rapport aux autres.
Sur ce dernier point, je dois avouer que l’auteure vise juste. Portant un nom français peu répandu au Québec, nom que mes parents ont en plus altéré et donc éloigné de toute référence possible pour les autres, j’ai passé mon enfance à épeler mon nom, le corriger et le répéter. Je me suis souvent sentie triste qu’on ne se souvienne pas de mon nom ou qu’on le déforme ; comme si on déformait mon identité et la personnalité que je tentais de définir. Encore aujourd’hui, j’ai parfois du mal à gérer ces situations frustrantes. Comme si on ne faisait pas attention, comme si on ne faisait pas l'effort de retenir mon nom. Évidemment, il y a des exceptions. Les prénoms rares peuvent parfois jouer en la faveur de ceux qui les portent, justement parce qu’ils marquent les esprits. Malheureusement, dans mon cas et dans celui de bien d’autres, ça n’arrive pas assez souvent.
Je crois que les parents qui donnent à leur enfant un prénom original ne le font généralement pas avec une mauvaise intention. Ils souhaitent bien souvent aider l’enfant à développer sa personnalité unique, à se démarquer. Il faut faire attention, par contre, parce qu’avec du recul, on réalise à quel point le prénom est important dans la vie.
Après ma lecture, je me suis interrogée sur le prénom que je donnerai à mon enfant. Et je réalise que c’est d’autant plus difficile de trouver un prénom qui aura quelque chose d’unique, sans être pour autant difficile à gérer pour l’enfant. Définitivement, c’est un sujet qui porte à réflexion. Je vous invite à lire le livre pour en apprendre plus.