Ça y est.
Nous avons la date officielle, notre aller simple pour le Québec est acheté pour la fin novembre. C’est vrai de vrai. Si tout va bien, on devrait passer les deux prochaines années au Québec, dans le Bas-Saint-Laurent, chez mes parents.
On va quitter le Chili.
Recommencer une autre fois pour acquérir de nouvelles expériences.
Migrer vers l’ailleurs en pensant à l’ici. Être dans l’ici, mais penser à l’ailleurs.
En 2015 j’ai tout vendu pour venir au Chili. Là, on se prépare à faire la même chose, mais à deux et en direction inverse. On va voir si la chance peut être de notre côté au Québec et surtout saisir la chance d’un enrichissement sur tous les plans qu’une telle aventure peut apporter à mon amoureux chilien… et aussi mon entourage qui sera directement en contact avec la culture de mon copain.
Le défi est énorme.
Passer d’une ville de 7 millions d’habitants à une petite ville tranquille de 5000 âmes, 8000 avec les fusions de 2002.
Passer d’une région sèche, agréable et avec des étés de 8 mois, à une région au climat très changeant, avec l’air frais et les vents du fleuve… Avec des hivers très longs et des étés chauds et humides (en tout cas c’est ce que j’ai vu et lu sur l’été 2018!).
Apprendre à parler québécois dans le cas de mon copain.
Vivre les défis de l’immigration dans une région éloignée.
Habiter directement chez mes parents.
Petit mari est prêt à plonger dans l’aventure. Il a envie de voir cet ailleurs, mon ancien « ici », mes racines.
Je ne sais pas. Je suis vraiment dans un tourbillon étrange depuis l’achat de nos billets.
Je suis ingrate. Il y a une horde familiale et amicale qui nous attend là-bas.
Je ne sais pas ce que le Chili m’a fait, mais chaque fois que je dois partir d’ici j’ai vraiment le cœur en miette. C’est comme si on m’arrachait quelque chose du plus profond de moi.
J’ai beau être accompagnée de mon amoureux cette fois-ci, mais je me sens tout aussi triste.
J’adore l’emploi que je me suis créé. J’ai connu des étudiants qui se sont avérés être des êtres extraordinaires qui sont aujourd’hui de vrai.e.s ami.e.s. Mon petit réseau social me manquera.
Les matins à sortir de chez moi pour aller prendre la micro (autobus) et m’émerveiller, me pincer de vivre ici en regardant au loin la cordillère me manqueront.
Je sais que nous reviendrons. Mais le déchirement est tout de même là.
Je sais aussi que voir ma famille et mes amis me fera le plus grand bien.
Je sais qu’après quelques mois nous aurons une nouvelle « routine » et que nous serons bien.
Mais là, j’ai le cœur gros.