Je suis maman depuis un an. L’arrivée de ma fille a été un bel ouragan, avec des défis, du doux, des moments forts et beaux et des moments moins beaux. Nous avons vécu des émotions qui n’ont pas de prix, un bonheur sans nom. Malgré les difficultés normales qu’on traverse la première année de vie d’un petit bébé en santé (allô les nuits compliquées), je suis très heureuse, je me sens très privilégiée et je n’ai aucun regret d’être devenue maman.
Enfin, si, j’en ai un tout petit.
Celui de ne pas avoir eu un bébé en même temps que mes deux amies les plus chères. Eh non, la vie, c’est pas un film hollywoodien cheesy où les meilleures amies du monde voient leurs enfants devenir eux-mêmes les meilleurs amis du monde. C’est beaucoup demander à la vie. Mais, j’y peux rien, ce petit regret se loge dans un coin de ma tête. Je suis un peu triste d’être la seule maman du groupe. De ne pas pouvoir suivre mon amie qui fait le tour du monde, ni celle qui fait des gros partys et des sorties à l’improviste (on en a tellement fait ensemble). Comprenez-moi bien, toutes ces choses, je les ai vécues avant et j’ai adoré ça. À trente ans, je suis devenue maman avec le sentiment d’avoir bien profité de ma vie sans enfant et j’ai tourné cette page en me sentant prête à le faire et à vivre quelque chose de différent.
Mais voilà, mes amies les plus chères, elles, continuent de vivre ma vie d’avant. Faire des enfants, pour elles, c’est encore très loin. Quand j’ai annoncé ma grossesse, elles ont été plus que surprises. L’une d’entre elles a même dit sans réfléchir « Je meurs si je tombe enceinte maintenant! ». Ouf! Cette phrase m’avait fait mal sur le coup.
C’est la première fois que je ne vis pas la même chose qu’elles, que nos quotidiens sont si éloignés. Avant, on se comprenait sans se parler (l’amitié, la vraie!). Ça n’était jamais arrivé que je sois obligée de justifier tel ou tel comportement à ces deux personnes que j’aime si fort. Bien sûr, elles s’intéressent à ma vie, elles sont très impliquées et même très curieuses de tout et ça me fait super plaisir de leur raconter mes ressentis. Comme toujours, elles sont présentes et bienveillantes. Mais il me manque l’échange. Je rêve de leur dire « Toi aussi tu as ressenti telle affaire quand tu as accouché? », « As-tu eu le coup de foudre quand elle est née? ».
Vous me direz : « Sois patiente, ça viendra (peut-être) », et vous avez raison. Reste qu’au-delà du rythme, c’est con, je sais, mais je rêvais de voir nos enfants jouer ensemble ou être dans la même classe. Je voulais les voir s’amuser comme on l’a fait étant jeunes. On est toutes les trois de la même année et on a été dans la même classe une bonne partie de notre scolarité. Elles ont été les piliers de mon adolescence, le bonheur de mon quotidien. Alors je rêvais d’une suite.
En attendant, je me sens seule avec mon bonheur, seule avec mes découvertes, seule avec mon rythme de vie de nouvelle maman. Je ne peux pas les forcer à faire les mêmes choix que moi. Je ne le souhaite pas d'ailleurs! J'aimerais que ce soit spontané.
Malgré tout, en écrivant ces lignes, je constate que j'ai une chance incroyable de les avoir. C'est loin d'être la fin de notre amitié et on sait que malgré nos vies bien différentes, on reste liées et soudées. Et c'est l'essentiel.