Comme tout le monde, et pendant tellement longtemps, j'ai menti quotidiennement. Je parle ici de ces mensonges anodins que l'on s'impose en société pour, par exemple, donner l'impression que l'on va bien, juste parce qu'aller mal, c'est encore un peu tabou. Des milliers de fois, j'ai répondu « oui » à la question « Ça va? », en feignant un sourire, alors que tout en moi hurlait l'inverse.
Je n'acceptais pas d'être vulnérable. Point. Je refusais d'admettre cette part de moi et encore plus de la montrer. J'ai voulu être Wonder Woman, longtemps, mais j'omettais le fait que c'est aussi la fragilité et le côté empathique de Wonder Woman qui font d'elle l'héroïne qu'elle est.
Dans ma tête, je pense que j'associais la vulnérabilité à la faiblesse, en faisant ainsi un antonyme du mot « force ». Ce qui est absurde… Un jour, j'ai lu la phrase suivante : « Yes, I am a strong person, but every now and then I also need someone to take my hand and say everything will be alright. » (traduction : « Oui, je suis une personne forte, mais de temps en temps, j'ai aussi besoin de quelqu'un pour me prendre la main et me dire que tout ira bien. »). On dirait que j'ai compris, à ce moment-là, que non seulement mes zones de vulnérabilité ne mettaient aucunement en péril ma force, mais aussi que personne ne me tiendrait la main si je refusais catégoriquement d'en exposer le besoin.
On a tou.te.s une part de vulnérabilité pis c'est ben correct!
L'adjectif « vulnérable » se définit au sens propre par le fait de pouvoir être attaqué.e ou atteint.e facilement. Toutefois, au sens figuré, il sous-entend aussi une sensibilité et une capacité à être touché.e. Voilà qui est magnifique, non? Chaque personne est perméable, dans une certaine mesure. Et cette capacité à être touché.e par ce qui nous entoure est aussi ce qui nous maintient en contact réel avec les gens et avec notre environnement.
Pourtant, on apprend très tôt à sauver la face, à ne pas « se plaindre », à garder certaines choses pour soi. Implicitement, c'est comme si la société nous demandait de réserver cette part de nous pour la sphère privée. Pis j'ai décidé que j'en avais assez!
Soyons honnêtes, mis à part nous gruger de l'intérieur et nous donner une sensation de culpabilité en bonus, ça sert à quoi de cacher notre vulnérabilité? Pourquoi ne pas simplement assumer que nous ne sommes pas des surhommes.surfemmes et laisser entrevoir toutes les nuances émotionnelles qui nous composent?
Moi aussi, j'ai mes zones de vulnérabilité pis c'est plus que correct!
Depuis un bon moment déjà, j'ai choisi d'accepter ma vulnérabilité, d'assumer ma sensibilité et de ne plus essayer de cacher cette part de moi. Je demeure une femme forte, et je crois l'être encore plus depuis que j'ai le courage de dire haut et fort comment je me sens et ce qui me touche.
Et vous savez quoi? J'ai remarqué que mes relations avec mes proches ne s'en portaient que mieux! 1. La communication s'est nettement améliorée.
2. Nous n'accumulons plus de frustrations inutiles.
3. Il y a beaucoup moins de malentendus, notamment par rapport aux intentions de chacun.
Qui plus est, je reçois le soutien et l'aide dont j'ai besoin quand j'en ai besoin, puisque j'exprime enfin ce qui me ronge. Et mes proches sont aussi heureux de m'offrir cet accompagnement que je ne le suis moi-même par rapport à eux dans la situation inverse.
En y réfléchissant bien, après coup, je me demande pourquoi j'avais peur de perdre la face… Je n'ai rien perdu, j'ai plutôt tout gagné!