Le trouble de la personnalité limite… Qu'est-ce que ça mange en hiver? En résumé, ce trouble de santé mentale est caractérisé par une intensité dans les réactions et les relations interpersonnelles. D'ailleurs, ces dernières influencent énormément l'estime de la personne qui est dotée d'une hypersensibilité accrue, d'où l'humeur en constante fluctuation. Bref, que de grands mots et définitions complexes, voire tatillonnes. Or, c'est quoi, vraiment, avoir ce trouble de la personnalité?
C'est rien. Oui, rien. Un grand rien, un rien en lettres majuscules. Un vide, du néant, la vacuité d'une vie. C'est sentir ce gouffre sans fond à l'intérieur de soi, qui gruge tout sur son passage. Mais que faire de cette inanité? La combler. Oui, combler le vide. Se réveiller un matin, les oreilles meurtries par le silence, puis décider de hurler. Crier à pleins poumons, vaincre son mutisme intérieur.
Se lever et danser. Faire des mouvements larges, grossiers, qui prennent tout l'espace, qui dominent l'absence, quitte à accrocher et casser quelques objets au passage. Diriger une sérénade d'actions non pas pour honorer, mais pour réveiller la bête qui dort. La faire gronder et vouloir tout briser. Briser le non-être. La grande désorganisation de soi dans le processus de remplissage du vide sous-estimé.
Un vide grand, énorme, sans fin. Un vide que l'on attaque de tous les côtés par ces petites actions impulsives qui allument, qui ont un effet effervescent, mais ô combien puissant.
Par là, ça veut dire se teindre les cheveux en rose, flamber ses économies en achetant tout ce qui se trouve sous ses yeux, se procurer des allers simples pour la Thaïlande, commencer à fumer et à boire, faire vibrer son corps au rythme du bassin du premier venu, mettre la musique fort, très fort, créer un vacarme et ainsi faire violence au vide à l'intérieur de soi.
Tout cela orchestré par le désespoir et la douleur caractéristiques du trouble de la personnalité limite. Comme quoi un simple sentiment de vide donne envie de valser jusqu'à s'en étourdir. Ça tourne, ça tourne, puis on vomit. On vomit l'alcool, oui, mais aussi le bruit et le désordre. On régurgite ses tripes, puis retour à la case départ : l'estomac vide crie famine. Le temps passe lentement, lourdement, péniblement. Les minutes s'écoulent, puis on en a assez. On se lève et on recommence.