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J’ai réalisé que j’avais été violée
Crédit: Yuris Alhumaydy/Unsplash

NDLR : Le viol conjugal existe et ne devrait pas être pris à la légère. 
Pour de l'aide, c'est ici (calacs).

Ça s'est passé dans mon lit, dans ma chambre, avec mon copain. Il était tard, on venait tout juste de rentrer à la maison et, considérant mon habitude à me coucher tôt, j'étais épuisée. C'est donc tout de suite après avoir franchi le cadre de porte que je suis allée au lit et me suis endormie.

Ensuite, je ne sais trop combien de temps après, je me suis réveillée en sursaut. Il faisait noir, il faisait froid. Puis j'ai senti un mouvement à l'intérieur de moi : mon copain me pénétrait. J'étais fatiguée et encore semi endormie, je ne savais pas comment réagir. J'ai soupiré « non ». Il continuait. J'ai répété. Il continuait.
Quand il m'a prise et tournée de bord, j'ai profité du fait que j'étais désormais un peu plus réveillée pour être comprise et lui dire bien clairement : non. Une troisième énonciation négative à laquelle il a répondu « s'il te plaît » en continuant ses mouvements de bassin de plus en plus rapides et en me tirant vers lui.

Et là, je n'ai rien dit de plus : à quoi bon? Je me suis concentrée à demeurer la plus molle possible, puis ai attendu que ça passe. Une fois qu'il eût fini, il s'est excusé de la manière la plus sincère du monde. Il se sentait atrocement coupable et tout ce que j'ai réussi à répondre était que j'allais aller à la salle de bain et que je voulais me rendormir. Ensuite, on n'en a jamais réellement reparlé. 

L'événement, nommons-le ainsi, a eu lieu il y a environ 9 mois. Déjà. Pourtant, cela ne fait que quelques semaines que c'est clair dans ma tête : ce que j'ai vécu est un viol. Au début, je n'en avais pas fait un plat. J'en avais parlé à deux ou trois amies proches de moi, un peu en état de choc, puis je me suis dit qu'il devait être normal qu'un gars nouvellement actif sexuellement n'arrive pas toujours à gérer ses pulsions.

J'étais bouleversée, certes, mais lui et moi nous sommes laissés et je me suis dit que cela m'aiderait à passer au travers. C'était mon copain et à l'exception de cette nuit-là, il a toujours été d'une gentillesse et d'une douceur irréprochables à mon égard. L'acte en soi était doux et sans violence physique. Je n'en suis pas ressortie avec des bleus ou des membres meurtris. Je le connaissais et il s'est excusé mille fois. Cependant, c'est au fil des rencontres avec ma thérapeute et des discussions avec des êtres de confiance que j'ai réalisé que ce qui s'est passé dans mon lit ce soir-là était tout à fait inadéquat, voire violent.

Non seulement il avait entamé l'acte sexuel pendant que je dormais, mais les trois fois où je lui ai demandé d'arrêter n'avaient pas suffi. J'ai été violée et je n'en ressors pas sans séquelles. J'y repense souvent, très souvent. En fait, je dirais même qu'il n'y a pas une nuit où je me mets au lit (dans LE lit) sans y penser. J'ai des flash-back et des cauchemars, aussi. Parce que, malgré les circonstances, j'ai été victime d'un acte sexuel sans consentement, bref d'un viol. 

Ça m'a pris un peu de temps avant d'assimiler la chose. Je suis pourtant féministe et fière de l'être, puis je connais par coeur la définition de l'agression sexuelle. Or, quand les mots deviennent réalité, quand l'humain et le contexte se mettent de la partie, tout devient nébuleux si rapidement. Tristement, je suis certaine que je ne suis pas la seule à avoir vécu une histoire comme celle-ci, à ne pas avoir affiché haut et fort #MeToo / #MoiAussi sur les réseaux sociaux. Ce texte est pour toi, qui lis ces lignes et qui compatis en silence. Parce que ça s'est passé dans mon lit, dans ma chambre, avec mon copain.

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