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Ce corps qui n’a pas sa place
Crédit: Judy Ann Dayot/Unsplash

Je ne suis ni mince ni grosse. J’ai la chance de ne pas vivre de grossophobie. Par contre, mon poids m’a toujours dérangée et je ne me vois nulle part. Je parviens à m’habiller dans la plupart des magasins, mais je ne cadre nulle part dans les publicités. Comme si personne n’avait mon physique. Comme si la catégorie du large était une zone sombre inexistante.
 
C’est comme si mon corps se retrouvait dans cette zone intermédiaire étrange dont personne ne parle. Je trouve les mannequins taille plus vraiment inspirantes, mais je ne me retrouve pas parmi eux.elles. Pour les autres, ils.elles sont souvent filiformes et très minces, ce qui ne me correspond pas non plus. Je me sens mal de me plaindre ainsi alors que je corresponds aux standards. Pourtant, j’ai tellement l’impression de ne pas être incluse dans cesdits standards, bien au contraire!
 
Je m’efforce de faire la paix avec ce corps qui ne semble pas avoir sa place. C’est comme si je n’étais ni assez mince, ni assez grosse (dans le sens pulpeuse). C’est ridicule, mais c’est ce que je ressens. L’été est une période particulièrement difficile pour moi avec le retour des shorts et des maillots de bain. Depuis peu, je suis capable d’en porter et d’essayer de me foutre (ou en tout cas, de faire semblant de me foutre) du regard des autres.
 
Lorsqu’il fait une chaleur caniculaire, il n’est pas simple pour moi de m’habiller en conséquence. C’est encore moins simple pour les personnes qui se battent avec la grossophobie, j’en suis consciente. Je crois que la plupart des gens ne réalisent pas à quel point l’été peut être une période dégueulasse lorsque notre poids nous fait souffrir. Ils.elles ne réalisent pas que, pour certaines personnes, avoir aussi chaud comporte de bien plus gros enjeux que la simple hausse du mercure.
 
Dès le printemps, on nous rebat les oreilles pour perdre du poids. Je suis vraiment sensible à ça et chaque fois, je dois me battre avec moi-même pour ne pas m’engager dans une énième phase de restriction alimentaire. Je dois freiner mon esprit qui me dit d’aller au gym cinq fois par semaine et de surveiller mes calories. Mettre le frein sur mes pensées et comportements restrictifs me demande beaucoup d’efforts. Toute la société me crie d’être plus mince…
 
J’ai déjà perdu plusieurs livres et je me sentais vraiment mieux. Je sentais que c’était un accomplissement. J’avais plein de compliments de la part de mon entourage comme quoi j’avais l’air en pleine forme. Pourtant, même si je ne me faisais plus vomir à ce moment-là, toute ma vie tournait autour de la nourriture que j’ingérais et des calories que je perdais en faisant du sport. J’étais peut-être en forme, mais je ne crois pas que c’était un mode de vie équilibré et sain. Surtout, je ne crois pas que ma santé mentale était à son meilleur. Pourtant, au moment où j’écris ce texte, l’obsession de la nourriture de mon dîner et l’envie d’aller courir se font très présentes dans ma cervelle…
 
Je soutiens le mouvement de body positivity et mon but n’est pas de les invisibiliser. La seule chose, c’est que j’aimerais qu’il y ait une réelle diversité pour que je puisse avoir un peu plus d’exemples de corps qui me ressemblent. J’aimerais sentir que mon corps a sa place parmi les autres. J’aurais peut-être plus de facilité à l’accepter…

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