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Les pensées d’une anxieuse à l’hôpital : « Et si je le perdais? »
Crédit: Pablo Heimplatz/Unsplash

Ce matin, c'est le cri de mon homme qui m'a réveillée, mon homme qui m'appelait par mon prénom, ce qu'il ne fait jamais. Ma première image du 27 juin 2018 est donc celle de celui que j'aime, face au sol, tremblant et paniqué, parce qu'il vient tout juste de perdre conscience. Et on ne sait pas pourquoi.

Dans ces situations-là, je suis plutôt proactive. J'entre en mode solution et je cherche quoi faire. J'ai regardé rapidement sur le net, placé mon chéri dans une position sécuritaire, appelé Info-Santé. Pas plus de 20 minutes plus tard, on était à l'urgence. 

Ensuite, tout s'est passé assez rapidement jusqu'à ce qu'on l'amène dans l'aire de traitements, sur une civière. Je l'ai rassuré, lui ai caressé les cheveux, ai téléphoné à sa maman, parlé à ses patrons. J'ai fait ce qu'il fallait. 

La médecin ne comprenait pas. Elle voulait qu'il passe des tests, pour sa tête, pour son coeur, et qu'il fasse des prises de sang. Ok. On va faire ça. 

Jusque-là, je gérais bien. Il avait besoin de moi. Je pensais à lui. Point.

Se retrouver seule avec son anxiété
Quand on l'a emmené passer ses examens, que je me suis retrouvée seule dans le box 14, que je n'avais plus mon homme qui avait besoin de moi sur lequel me concentrer, mes yeux se sont instantanément remplis d'eau, mes pensées se sont mises à affluer, à se bousculer, à m'assaillir, puis une boule d'angoisse a envahi ma poitrine. Et si…

Tout ce que j'avais en tête, c'était ces deux foutus mots : et si… Et si c'était grave? Et si je le perdais? (Juste de formuler ces questions, j'ai le regard qui s'embrume.) Et si on m'enlevait celui que j'aime? Comment j'arriverais à vivre sans lui? (Maintenant, j'ai du mal à lire les mots que j'écris.)

Je suis une fille brillante, je sais que ce n'est pas rationnel d'avoir ces craintes. Mais il faut comprendre que l'anxiété et la rationalité ne s'entendent pas super bien et que la rationalité préfère souvent se retirer quand l'anxiété apparaît.

Soulagement, épuisement, défoulement
Rassurez-vous, il y a eu plus de peur que de mal. Mon amoureux s'en sort plutôt bien, vu les circonstances. Quand la médecin est revenue nous voir pour nous dire qu'elle était rassurée par les résultats, une vague intense de soulagement m'a submergée. J'ai serré mon homme si fort, en tentant de chasser toutes les pensées qui m'avaient grugée toute la journée.

En arrivant à la maison, une fois que je l'ai mis au lit, c'est l'épuisement qui a pris le dessus. J'étais vidée! Pas par une journée de travail ou par une activité intense. Non, j'étais vidée d'avoir eu peur, épuisée d'avoir ressassé dans ma tête la possibilité, aussi irrationnelle soit-elle, de perdre mon homme.

Même s'il est hors de danger, s'il s'en tire avec quelques journées de repos imposées, je me sens encore toute croche. J'avais besoin d'écrire, noir sur blanc, ce qui m'avait hantée à l'hôpital. Ce texte est écrit d'un trait, n'est pas léché ou relu des dizaines de fois, contrairement à mon habitude. Il avait juste besoin de sortir. 

Et je vous remercie d'avoir pris le temps de le lire.
 

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