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J’ai passé 6 ans à l’université et je ne m’y suis jamais sentie à ma place
Crédit: Unsplash/ScottWebb

J’étais persuadée que je devais aller à l’Université pour avoir des opportunités de carrière et y travailler ma créativité.

Quand j’étais au secondaire, je voulais faire une maîtrise en littérature, mais surtout écrire et vivre de mes écrits. J’ai été en création littéraire au Cégep et j’ai été déçue. J’ai décidé de terminer mon D.E.C. malgré tout pour ne pas tourner en rond et je me suis dirigé dans un Bac bidisciplinaire de littérature comparée et philosophie à l’Université de Montréal. Je pensais bifurquer en philo à la place. J’ai terminé ma majeure en littérature comparée pour avoir un diplôme, mais sans y prendre vraiment du plaisir.
J’ai fini par être acceptée en théâtre dans le profil études théâtrales à l’UQAM, malgré les rejets répétés pour le profil interprétation.
Je croyais que j’avais enfin trouvé ma voie, que j’allais réussir. À la place, j’ai foncé dans un mur.
J’ai abandonné le programme, mais aussi, l’université pour de bon.

J’étais malade et ma dépression m’a isolée une bonne partie de l’année. J’étais découragée de constater que mes capacités n’étaient pas à la hauteur de mes ambitions, que le milieu théâtral ne correspondait pas à mes idéaux et que mon caractère bouillonnant essuyait d’un revers de main les efforts que je faisais pour m’intégrer.

Je croyais que j’avais raté ma vie. À 24 ans.
Parce que quasi tous mes ami.es terminaient leur maîtrise et savaient où iels se dirigeaient.
J’étais perdue, parce que j’avais toujours été à l’école en poursuivant des études postsecondaires  et malgré mes questionnements quant à ma place au sein du milieu universitaire qui persistait sans cesse, je m’étais créé une zone de confort dans le rythme des études, qui me permettait de me voiler la face. C’était facile de continuer d’être étudiante, sans vraiment prendre le temps de me confronter à mes ambitions.

Pourtant, je ne m’y sentais pas bien. Comme Paige dans l’émission Degrassi qui faisait des crises de panique à répétition, la charge de travail devenait anxiogène et me causait beaucoup d’insomnies. Je rédigeais mes travaux à la dernière minute, je n’arrivais pas à me concentrer en classe et parfois je m’endormais, passant pour une personne paresseuse. L’anxiété était omniprésente, au point où je n’arrivais même plus à fonctionner au quotidien.

Quand j’ai réalisé que j’avais encore une fois le même pattern en théâtre que dans mes autres champs d’études et que je me sentais plus outsider que jamais, j’ai arrêté de me mettre la tête dans le sable. J’étais en dépression, et j’avais enfin mis le doigt sur le pourquoi du comment. Il ne s’agissait pas juste du programme, mais de l’institution elle-même. Je n’arrivais pas à m’y épanouir.

J’ai annulé ma session et pris une pause de mes études, histoire de me reposer et réfléchir. Puis, tranquillement, je suis sortie de mon isolement et j’ai recommencé à sortir, à affronter mon anxiété qui devenait de plus en plus de l’anxiété sociale. J’ai rédigé plus de poésie que jamais, pris plus de risques et surtout, j’ai osé avoir des projets.

Ça a été payant. Aujourd’hui, je peux enfin profiter de mon quotidien et de la routine que je me suis créée, même si ça sonne banal pour la plupart. C’est ce dont j’avais besoin.

Vivre.

C’est aussi un accomplissement en soi, mais on n’en parle pas.
La réussite est toujours associée à la classe sociale et à la carrière.
Mais juste savoir profiter de la vie tout simplement, même un peu, c’est tout aussi difficile à accomplir.

 

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