Le principe du cumshot est le titre du livre de Lili Boisvert, qui porte sur le désir des femmes sous l’emprise des clichés sexuels.
Quessé ça, le principe du cumshot, que je vous entends dire?
C’est basé sur le cumshot, qui, en pornographie, fait référence au moment final où l’actrice reçoit le sperme de l’homme sur son visage ou son corps. De cette « pratique », Lili Boisvert en a tiré un principe, qui, selon elle, guide les relations hétérosexuelles dans notre société : le désir sexuel vient de l’homme, et aboutit sur la femme.
À première vue, ça peut sembler grossier, généralisé, ou même incompréhensible. J’ai commencé ce livre suite à la forte recommandation de deux amies, et j’avoue que déjà à la page 18, j’étais intriguée.
Moi, féministe, qui croyais connaître tous les aspects du sexisme dans notre société, eh bien j’en avais oublié le sexe, qui est pourtant fichtrement important. J’ai trouvé dans cet ouvrage des réponses à des questions que je n'avais même pas eu en tête, tellement certaines choses n’étaient pas du tout remises en question chez moi.
En gros, Lili Boisvert explique, en s’appuyant sur des statistiques, des experts, ses recherches ou son expérience à la barre de Sexplora, qu’on inculque un devoir de pureté, une passivité féminine et une ségrégation sexuelle aux femmes, par le biais de notre culture ambiante ou de croyances bien ancrées basées sur des théories largement dépassées (allô Freud).
Vous êtes-vous déjà demandé.e.s pourquoi l’orgasme masculin est plus fréquent que l’orgasme féminin? Pourquoi la libido féminine semble plus faible que la libido masculine? Pourquoi le slutshaming? Pourquoi le sexe semble être le Graal pour les hommes, alors que l’amour est celui des femmes?
Moi je pensais tout naïvement que c’est parce que c’est de même. Ça doit être biologique.
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Mais non. Lili Boisvert explique avec beaucoup de nuances, et sans nécessairement blâmer directement les hommes d’aujourd’hui, qu’il s’agit plutôt d’une construction sociale beaucoup plus grande qu’on ne l’imagine. Certains aspects de la vie des femmes sont interpellés, alors qu’on ne s’en doutait même pas. Alors qu’à la fois les femmes sont encouragées à cacher leur corps (devoir de pureté, et fantasme de la transgression, fantasme pour l’homme d’amener la femme à devenir impure), on les objectifie (plus d’importance est accordée à l’apparence des femmes, leur corps est encore majoritairement associé à la reproduction, leur corps est un stimulus sexuel constant, ce qui n’est pas nécessairement le cas pour le corps masculin) de façon à les encourager à exhiber leur corps. Devant cette contradiction, les femmes sont hyperconscientes de leur corps et de la tension sexuelle autour de celui-ci, les rendant plus promptes à développer, par exemple, des complexes corporels.
Cette explication simple et vraiment résumée vous présente un aperçu de ce que dépeint Lili Boisvert dans son livre. J’avais envie de crier OUI OUI OUI à chaque chapitre tellement je me sentais interpellée par ses propos.
Voici d’ailleurs un petit schéma qui fait partie du livre et qui présente bien le principe du cumshot dans son ensemble.
J’avais entendu parler du slutshaming, je savais ce que c’était, mais je pensais sincèrement que ça s’arrêtait là. Je pensais que la libération sexuelle féminine était bien achevée. Et sans pour autant en dépeindre un portrait ultra-négatif, je pense que ce livre nous ramène les deux pieds sur terre.
L’éducation sexuelle, c’est oui, les ITSS et l’importance de se protéger. Mais il faut aller plus loin que ça. Il faut, comme Lili Boisvert, utiliser les vrais mots, pour nommer les clichés sexuels auxquels nous sommes soumis.e.s.
Parce que pour l’instant, pour reprendre les mots de la fin de l’auteure, qui représentent à merveille les propos du livre :