L'école est, de nos jours, considérée par plusieurs comme étant le moteur de la société future, là où sont découverts et germent les esprits sagaces et avisés. Or, qu'en est-il de ceux qui, comme moi, n'ont pas un parcours linéaire, qui n'enfilent pas leurs années d'études d'un seul trait? Perdent-ils leur temps? Sont-ils inutiles à notre collectivité pressée, avide de rendement? À mon avis et en me basant sur mon expérience personnelle, l'école ne détient pas le monopole des apprentissages pertinents, au contraire! Bien sûr, on y cultive des connaissances qui nous serviront toute notre vie, mais il est tout à fait possible de rentabiliser une année off-school.
Mon année scolaire 2017-2018 a été fort différente de celle de mes amis qui, comme la plupart du monde, ont commencé leur scolarité postsecondaire dès la fin août. En effet, moi qui prévoyais faire mon entrée à l'université d'Ottawa, j'ai dû ignorer les louanges qui m'entouraient et faire différer mon admission : j'allais finalement entamer un traitement intensif pour anorexie nerveuse. J'étais censée remettre mon admission à la session d'hiver, mais j'ai finalement pris l'année complète pour ne rien précipiter et me rétablir le plus possible. Ceci dit, j'ai dressé une liste de choses que j'ai apprises au cours des derniers mois et qui sont, sans contredit, tout aussi pertinentes que les notions que l'on étudie à l'école :
L'importance de se faire passer avant tout
Durant mes traitements, j'ai côtoyé quelques dizaines de femmes et nous étions toutes dans le même bateau, c'est-à-dire trop malades pour fonctionner au quotidien. Plusieurs n'étaient pas en pause d'études, mais bien de travail. Elles s'étaient oubliées au profit de l'excellence, de la perfection et d'autrui. Peut-être étaient-elles considérées comme les meilleures au travail ou encore les plus attentionnées et compréhensives, mais où cela les avait-il menées? À la maladie. Comme quoi on avance peut-être plus rapidement en faisant passer ses obligations avant soi, mais certainement pas indéfiniment!
Les transports en commun, c'est pour les « snobs » aussi
Bon, je l'admets, je suis snob. Depuis que je suis jeune, j'ai eu le privilège de me faire conduire par mes parents là où je le désirais. Cependant, étant en congé durant leurs périodes de travail, j'ai dû m'arranger par moi-même, c'est-à-dire, n'ayant pas de permis de conduire, demeurer à la maison ou sortir de ma zone de confort et employer les transports en commun. Au début, le dégoût et le snobisme m'ont envahie, je l'avoue. Par contre, au final, je me considère beaucoup plus en confiance et libre de me déplacer où je le veux, quand je le veux. Grosse révélation pour moi! En plus, j'admets me trouver pas mal hot en ne faisant pas l'utilisation de gaz nocifs pour notre planète.
Le bonheur d'être ouvert aux découvertes
Malgré tous mes efforts afin de juger le moins possible, je me dois d'avouer que je suis une fille avec quelques préjugés, voire réticences absolues (exemple: les transports en commun). Le yoga en faisait partie. Je pensais que c'était une pratique uniquement axée sur la spiritualité et une panoplie d'autres pensées non conformistes du genre. Jamais je n'aurais pris le temps d'essayer cette activité si mon horaire ne me l'avait pas permis. Or, j'y ai découvert un havre de paix, un moment de relaxation où l'on peut se permettre de se recentrer sur soi-même sans pression ni jugement. D'où l'importance de demeurer ouvert à l'expérimentation de nouvelles pratiques.
Les apparences, ça ne veut rien dire
Au cours de mes traitements, j'ai appris à connaître toutes sortes de personnes, uniques à leur manière. Des hippies de 30 ans, des athlètes de 18 ans, des esprits réfléchis de 55 ans… Tous beaux, mais tous malades. Des âmes accueillantes dont on ne pourrait soutirer aucun secret en ne faisant que les regarder, ce qui révèle que notre histoire n'est pas affichée en néon dans notre front et que l'on est bien plus que ce dont on a l'air.
Bref, l'école est d'une importance irréfutable, oui, mais au-delà de tout ça, il y a la vie. Un univers entier qui gravite autour de nous et qui a tant à nous apprendre. Il ne nous reste qu'à l'écouter.